jeudi 13 novembre 2014

dans cet article je lance l'idee d'un minimum de survie

publie dans tribune .fr

Condamnée à subir les lois du marché, la démocratie est-elle en danger ?

Opinions
(Crédits : Reuters)
Richard Sitbon | - 873 mots
Si le socialisme est éculé, la bataille du social n'est pas perdue. Trois idées nouvelles pour le prouver. Par Richard Sitbon, économiste, auteur de 'l'économie selon la Bible"
C'est cette question que pose à tous les citoyens, indirectement le président Hollande avec la nouvelle direction économique en faveur d'une politique de l'offre . Décrite comme un tournant ou une rupture dans la pensée économique socialiste, cette nouvelle route ne serait pas plutôt un constat d'échec ?

Précarisation de l'emploi et ultra-riches à la fortune exponentielle

Si tel est le constat, alors se réaliserait définitivement la prophétie de Karl Polanyi qui écrivait dans son livre "la grande transformation" : "la privation de liberté est à vrai dire le résultat inéluctable de la philosophie libérale qui prétend que le pouvoir et la contrainte sont le mal et que la liberté exige qu'ils n'aient point de place dans une communauté humaine". Partout ce nouveau capitalisme a apporté la même précarisation du marché de l'emploi, grignotant pour beaucoup ce que les économistes appellent "le pouvoir d'achat libéré", ou ce petit supplément qui laisse à la vie sociale un goût sucré. Dans chaque pays la même minorité d'ultra riches voit leur fortune se multiplier au gré des systèmes de défiscalisation très avantageux.

La pensée socialiste est éculée, mais la bataille du social n'est pas perdue

Il fut un temps lointain des élections ou les socialistes nous montraient du doigt cet ennemi invisible : la finance. En réalité il n'y a ni ennemi, ni ami. Il n'y a seulement que des modes de vie, des idées qui s'affrontent. Et dans la réflexion, les tenants du capitalisme sont allés jusqu'au bout de leurs idées. La pensée socialiste, elle, restant éculée, nostalgique d'un passé. Est-ce à dire que la bataille du social, de l'humanisme est perdue ? Non.

1) 600 euros par personne au titre d'un "revenu minimum de survie"

Le défi est à des idées nouvelles. Le changement doit se faire en trois actes :
Le premier est tiré de ce verset de la Bible : Abraham planta un bouquet d'arbres à Beer Sheva. Dans le texte original, il est écrit le nom de l'arbre, "echel", en hébreu, qui correspond, toujours en hébreu, aux initiales de trois mots : nourriture, boisson et logis. Ces termes expriment le minimum que la société doit apporter aux hommes. Actualisée à nos sociétés modernes, cette idée nous demande d'octroyer à chaque adulte "un revenu minimum de survie". Ce "RMS" devra être donné à chaque citoyen âgé de 20 ans, sans distinction de revenu, de statut ou de situation, tout au long de la vie. Les dépenses de protection sociale dépassent aujourd'hui 620 milliards d'euro par an.
A elles seules les prestations de survie, emploi, vieillesse-survie, famille, logement, pauvreté-exclusion, représentent une dépense de plus de 400 milliards d'euros. Cette somme permettrait de verser plus de 600 euros par mois à chacun au titre du RMS. Elle contribuerait, concernant la finance, a une source d'épargne, de consommation et serait un levier gigantesque pour l'économie. Enfin et surtout, le RMS serait pour l'ensemble des citoyens une progression sociale.

2) Une année sabbatique tous les six ans

Le deuxième acte repenserait le travail et son temps. Ici aussi un texte tiré de la Bible pourrait nous aider : pendant six ans, tu ensemenceras tes terres et tu en engrangeras les produits. Mais la septième année, tu les laisseras en jachère. Ce que propose le texte est de mettre fin à une réalité économique où l'unique objectif serait la poursuite illimitée du gain et de la croissance, pour nous proposer une économie qui inclue une pause dans celle-ci. Non un arrêt, mais un ralentissement ayant pour objectif après 6 ans de travail, une croissance zéro. L'année sabbatique devancerait les cycles des crises courtes, permettrait de lisser les évolutions de la production dans le temps, soit pour éviter les périodes de sous-emploi, soit pour éviter les périodes de surchauffe qui risqueraient d'entraîner des dysfonctionnements.

3) Des groupes uniques mais solidaires

Enfin le troisième acte, serait de repenser la cohésion sociale. Un dernier texte tiré lui aussi de l'ancien testament nous montrerait la voie: Et Dieu dit à Moshé : chacun selon son drapeau selon la maison de son père.
La société est repensée. Le terme de "shevet" ou de "matteh" est utilisé en hébreu pour désigner "la tribu". "Shevet" est tiré du terme "assis", qui donne son assise à la société. "Matteh" est un terme qui signifie "bâton", sur lequel toute la communauté entière peut s'appuyer. La société proposée ici est une association de communautés à la fois solidaires de la société générale, mais uniques dans leurs caractéristiques. Ainsi, face au défi du communautarisme et des groupes, en s'inspirant de la Bible, une idée nouvelle nous est avancée: "le communautarisme intégré". Une société dans laquelle les groupes seraient uniques mais solidaires, avec un dénominateur commun : le pays et ses lois.
La crise, que nous traversons, est synonyme d'espoir pour une reconstruction et l'émergence d'idées nouvelles, où le personnage principal de cette reconstruction ne sera ni l'état, ni la liberté des marches, mais tout simplement l'homme.


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