vendredi 18 novembre 2011

Intervention du 17 novembre 2011 sur Guysen tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot

Intervention du 17 novembre 2011 sur Guysen tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot.

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jeudi 17 novembre 2011

Option sur un contrat à terme de blé, ou option sur la faim. Article rédigé pour Hamodia 16 février 2009

Les mots sont techniques, simples, froids. Ces mots expliquent aux investisseurs les termes du contrat à option sur le blé. On lit : L'option est exerçable à tout moment jusqu'à sa date d'expiration… à tout moment sont cotées les options dont le prix d'exercice est le plus proche du cours du contrat à terme ferme du blé… la chambre de compensation fait constituer par le vendeur d'option une somme correspondant à titre de garantie de la perte qui découlerait de l'évolution la plus défavorable de la valeur liquidative de sa position nette globale... tous ses mots pour du blé. Car pourquoi se contenter d'actions, d'obligations, ou des services financiers classiques, il faut aujourd'hui faire de l'argent sur tout. Même sur le blé, le riz, le sucre...

Le prix du blé atteint 180 € la tonne environ aujourd’hui, ce qui fait un plus de 70% pour les investisseurs en un an. Bien sur les raisons premières de la flambée des prix sont classiques : sécheresse en Australie l’an dernier, en Ukraine et en Roumanie cette année, pluie et froid en Europe, gel des terres agricoles et moisson décevante. A cela s'ajoute l'intérêt croissant pour les biocarburants. L’élément marquant est l’utilisation de plus en plus grande qui est faite des céréales, du sucre, des graines oléagineuses et des huiles végétales pour produire des combustibles de substitution, de l’éthanol et du biogazole. 


Ainsi si la pénurie de céréales a provoqué une hausse des prix, d'autres raisons plus sombres et inacceptables sont à l'origine de cette crise sans précédant.
 

Tout d'abord la modification des mécanismes d’aides européens a bouleversé le marché. La suppression au nom de la sacro sainte "liberté des marchés" des aides à l’exportation a provoqué une dérégulation. Dès lors, comme toute marchandise, dès que les céréales manquent, les prix flambent.
Mais plus grave, de marchandise ce blé est devenu aussi "produit financier" et source de bénéfice, il suffit pour cela de profiter de mauvaises moissons et des tensions du marché pour le mettre en stockage et déclencher une hausse des prix. Ce blé n'est plus alors la base de la nourriture des hommes mais une nouvelle matière première agricole très spéculative. Les fonds de retraites ont depuis quelques temps compris l'énorme source de profit à tirer des céréales. 


Profitant de la réduction de la collecte de blé dans les pays producteurs et une demande de céréales en hausse due au changement des habitudes de consommation de la Chine et de l’Asie avec une alimentation intégrant beaucoup de céréales, l’arrivée des fonds de pension et des fonds d’investissements sur le marché à terme a amplifié la spéculation. Les cours sont devenus très volatiles. Leur volatilité est aujourd’hui de 40 %. Elle était de 10 % lorsque le marché était relativement encadré par la Politique agricole commune. 


Mais si la bulle internet a explosé en vol et ruiné beaucoup plus d’investisseurs qu’elle n’en a enrichis, si la bulle spéculative immobilière l’année dernière s’est mal terminée, aux Etats-Unis, la spéculation sur le prix des céréales est elle autrement plus dangereuse. En effet on ne peut pas liquider les stocks d’invendus de maisons en Floride ailleurs qu’en Floride ; donc leurs prix doivent forcement baisser, quant aux valeurs internet, on peut s’en passer dès qu’elles deviennent trop chères.
 

Pour les céréales, c’est différent. Elles se transportent d’un continent à l’autre et sa consommation est indispensable pour une population toujours plus nombreuse, quelques soient les prix, il y aura toujours preneur. Si jusqu'à présent la mondialisation nous paraissait être loin de nous, ses effets se répercutent aujourd'hui dans nos assiettes.
 

Cette hausse des prix des denrées, qui affecte d'abord les plus pauvres, peut conduire au chaos social. La Banque mondiale estime que la montée des prix des produits de base qu'on connaît actuellement pourrait créer des troubles dans une trentaine de pays. Déjà, on rapporte d'ailleurs des affrontements au Maroc, en Afrique subsaharienne et en Thaïlande, où des producteurs de riz dorment dans leurs champs pour éviter de se faire voler leurs récoltes. 

Le monde se dirige "vers une très longue période d'émeutes" et de conflits liés à la hausse des prix et à la pénurie des denrées alimentaires, estime aussi Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, "Avant la flambée des prix déjà (...) 854 millions de personnes étaient gravement sous-alimentées. C'est une hécatombe annoncée", met en garde M. Ziegler. 


A cette théorie politique mondialiste qui nous entraîne vers un monde de chaos , à cette théorie capitaliste dont la vision de l'homme se borne à "l'avoir", plus consommer, pour plus avoir, le judaïsme et la Thora nous montre une autre voie, et nous encourage à travers les textes, à aborder l'économie sous une double perspective, biblique et économique, pour contribuer à faire de l'économie non une exploitation de l'homme par l'homme, mais une production éthique en réussissant à réintroduire cette finalité indissociable de l'homme : consommer et travailler pour "être". Il semble que le temps soit venu de montrer aux nations du monde le vrai chemin. 


Richard Sitbon

crise fatale ou… « enfantement » ? Article rédigé pour Hamodia n° 190, 26 octobre 2011

Derrière les nouvelles revendications des jeunes manifestants israéliens prônant plus de justice sociale, ou plus loin encore - en Europe - avec les crises financières et sociales de pays au bord de la faillite (comme l'Espagne, le Portugal et même la France)… voire carrément déjà dans le précipice (comme l'Irlande ou la Grèce), une question essentielle nous interpelle : qu'arrive-t-il à nos sociétés et à nos économies ? Que devons-nous comprendre : sommes-nous au bord du chaos, ou au contraire dans les douleurs d'un enfantement ?

En Israël, la situation nous paraît d'autant plus confuse que tous les indicateurs économiques attestent d’une économie en bonne santé - forte croissance, baisse de la dette publique et taux de chômage au plus bas -, et ce, en dépit de la mauvaise conjoncture internationale, alors qu’en même temps beaucoup ressentent des difficultés croissantes dans leur vie quotidienne où les prix s'envolent et les salaires stagnent…

En réalité, la grande dépression, commencée en septembre 2008 et qui a pulvérisé les illusions de la déréglementation économique, a contraint les experts à repenser cette idée « adorée » depuis plus 50 ans selon laquelle les marchés libres et sans entraves seraient « efficaces ». En fait, ce schéma a abouti aux mêmes résultats dans presque tous les pays : création d'une élite réduite et très riche, tassement des classes moyennes et augmentation de la précarité sociale. Bien pire : sous la pression de la Commission européenne, du FMI ou des agences de notation, bien des pays – dont Israël - ont appliqué avec une rigueur renouvelée des programmes de réformes et d’ajustements structurels qui n’ont fait qu’accroître les inégalités. À cela s'est ajoutée l'apparition d'une oligarchie financière dotée d’un pouvoir parfois encore plus puissant que celui des États et des gouvernements démocratiquement élus !

Une situation différente en Israël

Mais dans ce schéma commun, la situation d'Israël est différente des pays européens ou des USA où ce n’est plus la croissance qui est la priorité, mais la survie et notamment la lutte contre les énormes déficits publics. Un combat d'autant plus difficile que ces pays sont pris dans un étau, car les marchés financiers ont décidé de spéculer sur les dettes souveraines de ces pays européens, et tout particulièrement sur ceux du sud : Grèce, Portugal, Espagne… L’Europe se voit donc prise à son propre piège institutionnel : ces pays doivent emprunter auprès d’institutions financières privées devenues incontournables et qui obtiennent quant à elles des liquidités à bas prix de la Banque centrale européenne !

En Israël au contraire, les gouvernements ont su - par une politique rigoureuse et grâce aux structures économiques contrôlées par les « régulateurs » de la Banque centrale et du Trésor public - échapper à la crise financière de 2008. Mais nous restons encore soumis à des choix dictés par l’idéologie chimérique de l'ultra-libéralisme et la dictature d'une élite financière qui ne mesure la réussite d’un pays qu'à la docilité de ses leaders face aux exigences des marchés financiers. Or, cette soumission est destructive, car elle exclut tout débat démocratique véritable sur les choix économiques nationaux.

Placés en « pilotage automatique », les budgets des gouvernements successifs restent dans un « logiciel » néolibéral toujours légitime ! Et ce, malgré ses échecs patents : ainsi, d'année en année, quelle que soit la situation économique et en dépit de découvertes aussi essentielles que de formidables gisements de gaz maritime, nos experts prônent la même politique : réduire les dépenses publiques, privatiser les services publics, « flexibiliser » le marché du travail, libéraliser le commerce, et les marchés de capitaux, tout en accroissant partout la concurrence...

Un cycle déjà annoncé de troubles sociaux dus
aux structures mêmes du système « anarcho-capitaliste »…

En matière d'inégalité, il faut d'ailleurs toujours savoir distinguer deux choses : d'abord l'évidence incontournable voulant que la croissance économique israélienne soit réellement extraordinaire d'Israël ; et, d'autre part, l'augmentation des inégalités sociales. Il s'agit en fait de deux choses fort différentes !
Car la hausse sans cesse croissante des inégalités partout dans le monde - et donc aussi en Israël ! - a pour cause les structures de fonctionnement du système ultra-capitaliste qui s'hypertrophient depuis vingt ans dans la plupart des pays aboutissant au même résultat : une fragilisation des classes moyennes, une aggravation de la pauvreté touchant les plus déshérités, l'enrichissement d'une minorité élitiste représentant une très faible partie de la population. Un processus qui, dans notre propre pays, remet en cause non les fortes capacités potentielles de l'économie israélienne, mais bel et bien le mode entièrement déréglé de redistribution des richesses.

Dans ce débat, je fus en fait l'un des économistes ayant su voir se profiler à l'horizon toutes ces contradictions de l'« économie financière », et qui a su prévoir la crise de 2008… En effet, dès 2007, je publiais un ouvrage sur ce sujet dénonçant le système de l'anarcho-capitalismeet ses conséquences ravageuses (*)...

J'avais alors déjà tiré le signal d'alarme sur cette augmentation des inégalités, en affirmant notamment que tout cela risquait de déboucher sur des émeutes à travers le monde. De plus, j'écrivais dans Hamodia en avril 2009 - soit un an et demi avant ce qu'on appelle maintenant le « printemps arabe » - un article intitulé « Option sur un contrat à terme de blé : l'option sur la faim… », dans lequel je disais, entre autres : « Cette hausse des prix des denrées affectant d'abords les plus pauvres peut conduire au chaos social. La Banque mondiale estime ainsi que la montée actuelle des prix des produits de base pourrait créer des troubles dans une trentaine de pays. On rapporte d'ailleurs déjà la multiplication d'affrontements au Maroc, en Afriquesubsaharienne et en Thaïlande, où des producteurs de riz dorment dans leurs champs pour éviter de se faire voler leurs récoltes… »

Ce que devait aussi confirmer, Jean Ziegler, le rapporteur spécial des Nations Unies pour le Droit à l'alimentation, en écrivant notamment : « Le monde se dirige vers une très longue période d'émeutes et de conflits liés à la hausse des prix et à la pénurie des denrées alimentaires. (…) Dès avant ce processus de flambée des prix, on a déjà constaté que 854 millions de personnes de par le monde étaient gravement sous-alimentées. C'est donc là le signe évident et annoncé d'une véritable hécatombe ! »

Consommer et travailler pour « être », et non plus pour « avoir ».
 
Or, ce que pressentent aujourd'hui les citoyens de tous ces pays en pleine révolte sociale - jeunes Israéliens et autres - dans leurs protestations, c’est qu'il existe une autre voie et d'autres alternatives économiques plus justes et équitables pouvant servir non « l'économie » en tant qu’entité abstraite, mais les membres bien vivants de la société ; et ce, afin d’aboutir au bonheur de vivre ensemble…

De plus en plus nombreux sont les économistes qui, après les ravages faits par ces élites financières, s'interrogent sur le « déficit moral » de cette politique fondée sur la quête insatiable des profits et cette vision à court terme de l'économie. Des recherches qui constituent un véritable « enfantement » après 30 ans de libéralisme cruel et d’idolâtrie des marchés !

C'est pourquoi il est urgent de rouvrir l’espace des politiques possibles et mettre en débat des propositions alternatives bridant le pouvoir de la finance et organisant l’harmonisation des systèmes économiques et sociaux en vue du progrès collectif.
Or, dans cette réflexion essentielle, le judaïsme a évidemment son mot à dire pour réintroduire la finalité des politiques économiques : le bonheur de l'homme au sein de la société.

Ainsi, l’éthique de la religion juive et l'économie talmudique appellent-elles nos dirigeants à repenser aujourd'hui complètement l'économie : à la fois au niveau « mécanique » de l’efficacité (qu’est-ce que la quête de la richesse ?), mais aussi au plan éthique selon une conception du « bien » dirigé dans un but d'accomplissement social.

Il est donc grand temps d'en prendre conscience pour pouvoir consommer et travailler afin d’ « être »… et non plus pour se borner à « avoir » !

Richard Sitbon 

* Économiste et auteur de l’essai « Une réponse juive à l'anarcho-capitalisme » paru en 2007 à Paris aux Éditions L’Harmattan.

mercredi 16 novembre 2011

Actualités

Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... aujourd'hui 17 novembre 2011 à 18h15, 20h30 et 21h15. 
Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après
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