jeudi 9 juillet 2015

Le faux ami allemand



 

Alors que pour faire face à la crise les Etats Unis, le Japon, la Chine ou la Grande Bretagne ont joué avec la création monétaire, les taux d'intérêts, sans s'arc-bouter sur des politiques d'austérité comme seul objectif, l'Allemagne a conduit la politique européenne vers l'échec de sortie de la crise. Pire, sa politique a conduit à la situation difficile dans laquelle se trouve les états de l'union. En effet depuis 2010 la seule priorité allemande a été le retour aux équilibres budgétaires : ce que l'on appelle "les politiques d'austérité".

Aujourd'hui la plupart des économistes nous disent que cette politique menée par l’Allemagne a été un échec. Sans stratégie de croissance, l'Europe ravagée par l'austérité, risque de continuer à rester dans le cycle de la récession, du chômage, au risque de plus en plus grand de tomber dans un débat politique dangereux même pour les démocraties.

Les réductions des déficits prônés par Berlin, n'ont pas conduit à ramener la croissance mais ont tout simplement détruit la base de celle-ci. L'Allemagne a, en fait mené une politique économique européenne bonne pour elle-même, sans tenir compte ni des mentalités différentes, ni des cultures, ni surtout des caractéristiques et structures économiques des pays membres de l'Europe.  Et si aujourd'hui à demi-mot l'Allemagne admet tardivement le jeu de la création monétaire, elle demande en échange encore, de l'austérité et des privatisations. La première demande des pays européens serait de transférer la banque centrale européenne vers Paris et non de façon incompréhensible la laisser où elle n'aurait jamais dû être, à Frankfort.

L'Allemagne qui a conduit l'Europe à une semi faillite par ses exigences économiques ne peut plus gérer l'euro, la monnaie unique européenne. Elle ne doit plus être chargée de veiller à la stabilité des prix dans l'UE et être également chargée de définir et de mettre en œuvre la politique économique et monétaire par l'intermédiaire d'une banque centrale européenne sur son sol.

D'ailleurs c'est toute la conception allemande du "Soziale Marktwirtschaft" ou économie sociale de marché qui doit être redéfini.  En effet ce terme n'a jamais renvoyé à une expression de la société européenne qui serait à la fois, à l'instar du système français, social et de marché. Non.

 Le système imposé en grande partie par l'Allemagne est celui d'une politique ultra libérale, à l'image de ce que l'on appelle de façon inappropriée "le miracle allemand".


Car la stratégie de Berlin est pour le moins curieuse et anti européenne : le déséquilibre excédentaire de l'Allemagne est en effet pire que les déficits budgétaires de la France et des pays du sud. Ce déficit excédentaire organisé, a contribué, à affaiblir les partenaires de l'UE, et à donner une force trop importante à l'Allemagne. Cette stratégie se résume pour l’essentiel à un quasi blocage de la demande intérieure et à une orientation presque exclusive de l’activité vers l’extérieur, au risque d’accroître les déséquilibres internationaux, au niveau mondial comme au niveau européen. Ce "miracle allemand" est douloureux pour ses habitants. En chiffre c'est près de sept millions de mini-jobs à 400 euros par mois, c’est une économie qui compte proportionnellement plus de pauvres que la France, alors que le rapport était inverse au milieu des années 1990, au moment même où l’Allemagne avait encore le fardeau européen de l’absorption de la partie Est.

Alors que l'union européenne a été construite dans une optique de partenariat, le gouvernement de Berlin n'a jamais joué le jeu de la solidarité. La France qui à elle seule compte pour presque 10% de ses exportations, ce qui lui assure un excédent de 35,1 milliards d’euros, soit 22,2% de son excédent global, n'a pas jusqu’à ce jour reçu de soutien actif de ce partenaire.

 Mais pire…depuis 2008 l'Allemagne a lâché l'Europe.

Son commerce extérieur s'est redéployé de façon spectaculaire vers les marchés extra-européens. L’Union fait ainsi de moins en moins figure du grand marché traditionnel important pour Berlin. Ainsi, la quasi-stabilité de son excédent commercial depuis 2007 masque cette réorientation vers les pays étrangers à l'UE. Si l'excédent était aux 2/3 alimenté par l’Union européenne avant la crise des "subprimes". Il est aujourd’hui généré aux 3/4 en dehors de l'Europe.  Les exportations hors UE de l’Allemagne ont progressé de 131 milliards, vers les nouveaux émergents d’Asie et d’Amérique latine, et les régions productrices d’énergie.

L'Allemagne en imposant aux partenaires européens une politique d'austérité, de réductions budgétaires, d'un euro fort, et de taux d'intérêt (qui ont tardé à baisser), a perdu toute légitimé de diriger l'Europe.

La Grèce est à elle seule l'exemple de l'échec de la volonté Germanique. Avec une politique de réduction trop rapide du déficit (la même politique que l'on veut imposer à la France), le PIB de la Grèce a perdu un quart de sa valeur en six ans, avec une chute des revenus de la population d'un tiers et un taux de chômage de plus de 20%. Le quart des ménages menacés par la pauvreté reste aujourd'hui l'emblème des résultats de la volonté allemande.

Il est de la responsabilité de la France de rediriger l'union européenne vers une autre voie.