lundi 3 octobre 2011

Pour changer le mode de scrutin en Israël... Article rédigé pour Hamodia, octobre 2009

Et pourquoi pas des élections pour le peuple ?

A chaque élection, des mots comme "changement" et "espoir" sont utilisés. Espoir que l'on puisse prévenir les guerres, traiter efficacement de la misère, de l'injustice ou de la dégradation de l'environnement. Hélas, le système en vigueur en Israël fait que ses espoirs, ses attentes relèvent plus de la propagande que d’une volonté sérieuse des élus. Les pratiques démocratiques Israéliennes se sont dégradées et les élections représentent davantage des gestes de soumission de la part des électeurs que des actes de liberté.


La situation actuelle est celle d’une unanimité de façade qui estompe une profonde crise institutionnelle. Le système israélien, qui de l'extérieur peut paraître équilibré, porte en lui le déni de démocratie : le droit de participer de manière significative au processus électoral est brimé, le droit à une représentation effective est brimé. Le système israélien correspond plus aujourd'hui à un système médiatique qui se conçoit comme partie prenante des classes dirigeantes et non comme vecteur d’une information critique ou de décisions qui seraient l'expression des enjeux de politique sociale, économique ou étrangère.

A ce propos, le récent rapport publié par le doctorant Assaf Bakar de l'Université de Tel Aviv ne nous surprend donc pas. Cette enquête a été réalisée dans le cadre d'une réflexion sur la nécessité d'un passage en Israël à un système électoral qui représenterait plus fidèlement le vote des électeurs et surtout permettrait de respecter les régions. L'étude de M. Bakar est éloquente pour expliquer pourquoi il existe des zones de pauvreté en Israël et tant de disparités. Selon ses conclusions, près d'un million de citoyens israéliens n'aurait aujourd'hui pas de représentant au Parlement israélien. De plus, le rapport conclut plus spécialement que plus une zone a de représentants à l'assemblée et plus elle bénéficie d'argent gouvernementale et de subventions.

Pour réaliser son enquête Monsieur Bakar a divisé Israël en 46 zones. Et le résultat donné par l'enquête est frappant par son évidence : les zones les plus représentées par des députés sont les zones les moins pauvres et qui bénéficient donc de plus de budget. Au delà de la question démocratique, est posé aussi la question de l'accès à la culture, aux transports ou enfin à l'éducation de ces zones non représentées. L’accès aux biens culturels et aux loisirs demeure alors avec le système actuel fortement inégalitaire.
Ainsi les zones sud d'Israël ne n'ont aucun député, et ceci à partir du sud de la ville de Beer-Sheva. Le Golan, dont les seuls habitants juifs sont estimés a plus de 23,000 personnes, n'a lui aussi aucun député. Plus encore l'enquête démontre que plus de 450 mille habitants ne sont pas représentés, 13 régions encore n'ont aucun représentant, et près de 59% de la population souffre d'une représentation très faible à l'assemblée.


La deuxième question intéressante de l'enquête a été de savoir si les députés, qui représentaient des zones éloignées du centre, étaient actifs pour leur zone. Ici aussi la conclusion de l'enquête est inquiétante car une fois élus les députés, venant de zone de faible revenu, émigrent vers le centre. Au bout du compte, une cassure véritable s'opère entre ces députés et leurs zones d'origines. Et l'enquête de conclure, que seul un changement du mode d'élection donnerait une représentation plus démocratique, mais donnerait aussi une solution pour régler le problème d'écart de richesse en Israël.

Ce changement reste le seul moyen de garantir le respect de la démocratie et de donner une vision non déformée de la pensée politique des citoyens puisque chaque courant de pensées, chaque zone, chaque citoyen seraient représentés. Changer de mode de scrutin serait aussi changer les pratiques politiques mais aussi la seule garantie de faire entrer des idées nouvelles dans la vie politique car, par définition, une idée nouvelle, pensée par un seul homme, puis deux, puis cent…est au départ une idée minoritaire et ne pas lui donner sa chance, c'est tout simplement renier le progrès.


© Richard Sitbon


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