L'importance de la laïcité ou pour le peuple hébreu le
DEREH ERETZ
La France a une particularité bien défendue par le "contrat
social" de Jean Jacques Rousseau. Dans la société qu'il nomme république,
il existe un contrat par lequel "un peuple est un peuple". Où chacun
de ses membres s'engage, promet, d'accepter des valeurs sociales universelles,
qui se retrouvent dans un acte double : la défense de la liberté et la
prise de responsabilité. La Liberté, l'Egalite, la Fraternité, sont trois mots
qui sont, non pas seulement le fondement de cette république Française, mais le
fondement de toute société qui se voudrait humaine. Et si le mot laïcité n'est
pas explicitement prononcé dans son écrit, le contrat social reste un des rares
textes de l'humanité qui fonde l'idée d'une société de liberté, ou s'inscrit
d'abord la tolérance. Et il ne faut pas être surpris qu'il existe avec la bible
un deuxième texte, même si souvent tronqué voir trompé, qui lui aussi met en
avant les libertés.
Rabbi yshmael a dit : la sociabilité a devancé de
vingt-six générations la torah. Il est écrit : il faut garder la
"sociabilité" pour garder la torah.
Midrach raba.
Ou encore
Rabi Eliezer ben Azaria nous dit : si il n'y a pas
de torah il n'y a pas de sociabilité, si il n'y a pas de sociabilité il n'y a
pas de torah.
Et ces textes, mettent en lumière une évidence oubliée,
qui peut aujourd'hui nous paraitre étonnante : il n'y a pas de religion
sans laïcité.
La laïcité, c’est-à-dire l'ouverture sur les idées, la
tolérance, est la prémice, et la condition non seulement de la pensée
religieuse, mais c'est cette laïcité qui va permettre aussi le maintien de la
religion dans sa logique de droit et de justice. La laïcité est cette
sociabilité dont nous parlent les textes du judaïsme. Rousseau, visionnaire de
la pensée sociale, nous offre d'ailleurs un écrit peu étudié et lu : le
"lévite d'Ephraïm".
Rousseau a trouvé le sujet de son récit dans la bible, dans
le livre des juges, qui relate l'histoire…d'un lévite dont la concubine est
violée en territoire de benjamin. Ce lévite selon la suite du récit biblique
coupera le corps de la femme morte en 12 morceaux, qu'il enverra alors aux
douze tribus…
Le sujet de Rousseau, d'une extrême violence n'est pas
pris au hasard. En effet nous sommes dans un état hébreu où la bible vient
d'être donnée. Où les douze tribus sont les contemporains des miracles de Dieu,
lors de la sortie d'Egypte et pendant la traversée du désert. Et pourtant
l'histoire nous décrit un environnement de violence, sans humanité, sanglant. Et
c'est l'absence de laïcité au sens "du respect de tous" qui dans la
société décrite dans les juges a été perdu.
D'ailleurs le livre des juges dans le chapitre dix-neuf,
commence bien par la laïcité : "et il advint, hélas, en ces
jours-là, et de roi, point en Israël". C'est cet oubli de la condition
primaire, "la sociabilité", qui fait défaut, et cette carence conduit
toute la société à sa perte. Ce contrat
social Français est ce défi que la France a délaissé depuis des années, pour
imiter un système ou adopter des idées et attitudes qui peuvent être perçues
comme une certaine servilité, en tout cas, surement comme une abdication.
Abraham, prophète, philosophe,
révolutionnaire aussi, éveilleur de conscience surement, ne s'est jamais
désisté, pour trouver son Dieu, allant jusqu’à affronter son père Terah. Abraham n'est pas le seul à croire à l'unité
de Dieu. Sem le fils de Noé a été le contemporain d'Abraham, la connaissance de Dieu
est déjà une réalité du monde. Mais cette réalité doit être repensée, parce que
déviée. Devenir pour un temps un "hébreu", c’est-à-dire quelqu'un qui
se trouve à part, de l'autre côté[1] de la rive,
ne lui fait pas peur.
Mais une défense de la laïcité comme garant du pluralisme
n'est pas suffisante. Il faut utiliser cette force, pour garder l'esprit du
questionnement, pour ne pas rester figé dans des conceptions, dans une pensée,
mais être poussé vers la création et l'engendrement.
Sans cette impulsion, la société devient incapable de
voir et de comprendre les altérations de la collectivité. Le
"surplace" se transforme très vite en faiblesse et en régression.
Le choix facile de la bonne conscience, dans un
comportement d'accommodements et de compromis pour garder une vitrine illusoire
explose finalement en poussière. Dans le récit, ce n'est plus la loi et la vie
sociale qui est respectée, mais la priorité de sauvegarder une image. Dans le
récit, c'est en effet pour sauvegarder la règle de l'hospitalité, que les
protagonistes de l'histoire cèdent aux "sans droits", en leur donnant
pour les assouvir, une concubine, qui est violée et tuée. L'apparence sociale
devenant alors une priorité, au mépris de la liberté de la fraternité et des
idées de justice.
La grande leçon à tirer de ces textes se trouve
aussi dans une nouvelle époque qu'il faut inventer : le temps de la
solidarité.