lundi 3 octobre 2011

Stratégie pour sortir de la crise... Article rédigé pour Hamodia, avril 2009


Monsieur Pierre de Charentenay dans la sérieuse revue "Etudes" écrivait : "La crise financière a été amortie par des centaines de milliards d’euros. Viendra bien vite la crise sociale et son cortège de mises à pied. Ensuite, viendra la crise politique car il faudra bien se demander comment ceux qui sont en charge du bien commun n’ont rien vu venir d’une si rapide débandade".


La crise que nous traversons est une crise systémique. Elle relance la question des bases même du fondement social. Au-delà des questions financières, boursières et économiques, elle nous interpelle sur le sens et le but de la société que nous avons organisée. La stratégie pour sortir de la crise ne peut se trouver dans les politiques économiques traditionnelles, nos armes classiques comme les baisses des taux d'intérêts, l'injection de liquidités dans des industries en faillite ou dans des organismes financiers qui nous ont conduits à la crise, ne pourra arrêter ce processus de dislocation d'un système qui a oublié le sens et les finalités du "vivre ensemble". Hélas les dirigeants des États-Unis, du Japon et de l'Europe, continuent de croire que notre crise est passagère, alors que le système est hors d'usage. Il est pourtant urgent de comprendre la profondeur de la crise et de déjà commencer la reconstruction du système dans son entier, sur d'autres bases, en refondant les liens qui unissent les hommes entre eux. Faute de quoi nous risquons de perdre tout contrôle sur les événements économiques et politiques, avec comme scénario catastrophe possible la faillite de grands pays et la cessation de paiement des États-Unis avec un effondrement du dollar et l'apparition de chaos régionaux.


Notre espoir est dans cette prise de conscience du devoir du renouvellement. Renouvellement qui doit passer en premier lieu par la fin de la diffusion de l'individualisme dans la société, qui a privilégié un rapport des hommes à l'objet au détriment d'un rapport des hommes entre eux. Ces nouveaux rapports devront privilégier non les marchandises, mais une société construite par les gens, pour les gens. La refonte de l'économie devra passer par l'innovation sociale, par une économie solidaire, où le système économique préservera les biens communs (la terre, l'eau, la nature). La restructuration des économies se fera avec la réalisation de grands chantiers qui devront utiliser des matériaux d'avant-garde, les constructions devront être intelligentes, basées sur l'énergie solaire et la récupération des eaux de pluies. Le soleil devra devenir le pétrole de demain, avec le développement d'un programme mondial de placement de miroirs solaires dans les déserts. Ainsi selon le physicien allemand Gerhard Knies, il suffirait d'exploiter 1 % de la surface des déserts de la planète pour  "produire l'électricité nécessaire à toute l'humanité". Il ne faudra pas hésiter à abandonner les industries du siècle passé. La conception d'un véhicule électrique ou hybride adapté au milieu urbain devra remplacer nos voitures traditionnelles. Les ampoules seront remplacées par les diodes électroluminescentes, la nouvelle économie se devra d'être écologique, humaine, et intégrer dans sa politique des données de qualité de vie et pas seulement de quantités. Cette crise économique est la réaction naturelle de l'émergence de l'éthique dans un monde économique qui en était déserté. L'autonomie de l'économie est une illusion, comme sa capacité à s'autoréguler. Et c'est par le poids excessif de cette illusion que nous en sommes arrivés à la rupture présente. C'est cet oubli de l'éthique qui conduit aujourd'hui le système à sa fin. "Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons, écrivait Keynes, sont que le plein emploi n'y est pas assuré et que la répartition de la fortune et du revenu y est arbitraire et manque d'équité". Ce retour à l'humanisme est aujourd'hui notre défi.


© Richard Sitbon

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