lundi 3 octobre 2011

Commémoration de la Shoah: le souvenir de l'héroïsme. Article rédigé pour le Journal Hamodia, 10 février 2010

Avec la commémoration de la Shoah à travers le monde, nous nous remémorons aussi ce 27 janvier, qui marque la date anniversaire de la libération en 1945 du camp d’Auschwitz par les troupes soviétiques. Cette blessure ouverte de l’histoire de l’Europe et de sa mémoire, que chaque génération a désormais à assumer et à penser, est avant tout la blessure faite à notre peuple. Pourtant nous pouvons être étonnés de cette différence dans les dates, entre cette commémoration internationale et le souvenir que le peuple d'Israël a choisi pour se joindre un instant à nos pères assassinés.



Auschwitz n’a pas seulement été un camp d’extermination. Il a été et reste le symbole de la souffrance de ses victimes de la Shoah, qui ont également vécu dans leur chair cette agression extrêmement paroxystique marquée par la déportation, la détention, la torture et l’extermination. Si Auschwitz évoque une certaine nature de la Shoah qui nous fait "percevoir" un peu, ce qu’ont pu ressentir les victimes, ce que les rescapés des camps de la mort ont vécu, ce camp évoque hélas ce que les Nations aiment dans le juif : cette image d’hommes, de femmes et d’enfants morts, gazés, de faim, d’épuisement ou de froid. Ce juif qui donne cette image fausse, de l'homme qui va à la mort sans combattre.



Notre premier ministre, venu se recueillir en souvenir des victimes, nous déclarait lors de son discours : "Nous rencontrons à la fois le mal le plus absolu et le plus grand courage de toute l’histoire de l’humanité". Benjamin Netanyahu, comme tous les Israéliens, ne se laisse pas tromper : la Shoah est avant tout l'héroïsme d'un peuple devant son bourreau. L'état d'Israël ne se laisse pas tromper non plus : "Nous avons choisi de commémorer nos morts à une autre date : celle de la révolte du ghetto de Varsovie. Car nous avons donné un nom singulier à notre journée du souvenir : Le jour du souvenir de la Shoah et de l'héroïsme. Parce que les juifs de la Shoah sont d'abord tous, sans exceptions "ces faibles qui se battaient contre les puissants, de petits groupes contre une immense armée, des innocents contre des barbares (du chant de Varsovie)". Leur message, de portée universelle, est celui du combat qu'ils menèrent pour leurs honneurs, pour leurs dignités humaines, pour nous tous et que nous garderons dans notre souvenir de génération en génération.



La mémoire de la Shoah est la mémoire du mal absolu, elle doit continuer à interpeller, tout à la fois, la mémoire collective et la conscience de chacun, mais cette mémoire est aussi le souvenir de nos héros qui ont lutté, parfois à mains nues. Nos frères, ces hommes et ces femmes dans les camps de la mort et des ghettos qui ont résisté grâce à la foi et au courage comme Wily Perl, Friedl Dicker Brandeis, Leon Kahn, Robert Clary, Recha Sternbuch et Anna Heilman, dont les actes héroïques ne seront jamais oubliés.



Auschwitz, Maidanek, Belzec, Buchenwald, Treblinka ou Sobibor, Varsovie, Le jour du souvenir n’est pas seulement pour les Israéliens ce devoir de mémoire des juifs assassinés, il marque aussi la mémoire des actes d'héroïsme des combattants juifs de la Deuxième Guerre mondiale, des résistants et partisans juifs qui ont apporté leur contribution à la victoire sur l'Allemagne nazie, l'Italie et le Japon, ainsi qu’à la création de Tsahal, l'armée israélienne. C’est ce souvenir aussi que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad ne devrait pas oublier…



© Richard Sitbon


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