lundi 3 octobre 2011

Endiguer les graines de la violence... Article rédigé pour Hamodia, novembre 2009

Nous assistons depuis quelques semaines au grand retour, comme chaque année, du festival de novembre chez nos politiciens. Ce festival consiste à l'approche de l'anniversaire de l'assassinat de Yitzhak Rabin, à proclamer haut et fort, notre indignation face à la violence…

Hélas, aucun de nos politiciens ne s'interroge sur le pourquoi de cette violence de plus en plus dure que l'on constate chez certains citoyens de Judée - Samarie depuis l'évacuation d'Amonah.


Pourtant la violence est intrinsèque et omniprésente dans tout système démocratique. La démocratie n'utilise- t-elle pas la violence comme moyen politique légitime pour assurer l'ordre public ? Il y aurait donc une violence légitime à intégrer au système démocratique et une violence illégitime, celle des citoyens mécontents, à expulser du régime. Cependant l'émergence de violence illégitime dans un système démocratique est historiquement le signe de pertes pour la société où elle surgit, des valeurs universelles et fondamentales que sont la justice, la tolérance et la liberté. Elle peut parfois être l'ultime recours trouvé par le peuple pour voler au secours de la démocratie quand celle-ci est en péril. 


Ainsi en France, la violence de la révolution estudiantine de mai 1968 aboutit finalement au changement de république et au renforcement de ses valeurs démocratiques. L'éclosion de la violence illégitime résulte aussi du sentiment de perte du lien du peuple avec la gestion publique et le politique. Pour l'endiguer, il faut la régler dans le fond et non dans la forme. La violence illégitime continuera à se développer malgré les politiques de répressions et pourra dégénérer en lutte armée incontrôlable tant qu'elle ne sera pas traitée à sa source : il est impératif que les politiciens et les élus redeviennent ce qu'ils n'auraient jamais du cesser d'être : des représentants du peuple.
 

La politique en démocratie, c'est accepter ce postulat apodictique selon quoi la politique n'est pas qu'affaire d'argumentation, il faut aussi entrer en résonance avec l’état d’esprit des gens, voire avec l’âme d’un peuple. Pour Alain, "La démocratie n'est pas dans l'origine populaire du pouvoir, elle est dans son contrôle. La démocratie, c'est l'exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours."

Les graines de la violence illégitime sont semées avant tout par les politiciens, qui refusent le contrôle de la démocratie par le peuple. Ceux là mêmes qui demain seront peut être en cellule mais qui continuent à vouloir diriger le cours de l'histoire. Ceux qui déclarent avoir changé tout d'un coup d'opinions politiques, mais qui refusent de se représenter devant le peuple avec leurs nouvelles idées. Ceux qui menacent d'appliquer sur une partie des citoyens les lois du mandat britannique, lois qui nient les droits fondamentaux au libre déplacement ou à un procès équitable avant d'être enfermé en prison. Où ceux enfin dirigeants de parti politique qui après avoir subi un échec et un désaveu de leur propre clan après un vote démocratique décident malgré tout d'expulser des familles de leurs maisons.


Mettre fin à la violence illégitime, c'est avant tout donner plus de liberté, non seulement dans la liberté d'expression des citoyens mais aussi même si nous devons quelques fois grincer des dents dans la liberté du pluralisme des courants d'opinions de l'extrême gauche mais aussi de l'extrême droite.



© Richard Sitbon

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