lundi 3 octobre 2011

Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. Article de 2008 toujours d'actualité ... hélas

"Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux."


Qui d'entre nous ne connaît pas cette chanson de Jacques Brel, Les vieux.
Pour le plaisir citons aussi ce vers :


"Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin".


Cette semaine le tribunal de Tel-Aviv a repoussé les arguments de l'avocat d'un grand hôpital du centre du pays qui affirmait que le décès d'une personne âgée dû à une erreur médicale, ne devait pas donner lieu pour la famille du défunt à l'obtention de dommage et intérêt, puisqu'en considération de l'âge avancé du patient (76 ans), sa disparition ne constituait pas pour la société et pour la famille "une perte de vie ".


Bien sur l'argument soutenu par cet avocat nous paraît extrême. Et pourtant qui n'a pas quelquefois entendu au détour de certains couloirs d'hôpitaux ou d'ailleurs, des phrases tels que : "de toute façon il devait mourir". La sentence rendue par le tribunal ne peut que nous rendre optimiste sur l'avenir de notre peuple en Israël. Se basant sur la loi hébraïque, le juge a rappelé à l'avocat de l'hôpital le principe juif millénaire de la sainteté de la vie. Rappelons que le sort des personnes âgées en Israël reste difficile. Selon les chiffres que nous indique le Bituah leumi, presque 25% des seniors seraient dans une situation financière précaire, qu'une personne de plus de 65 ans sur cinq vivrait sous le seuil de pauvreté et, plus grave encore, qu'un quart des personnes âgées, soit presque 170,000 individus n'auraient pas droit à une retraite.


Dans ce contexte, la nouvelle loi sur les retraites qui devrait entrer en vigueur en janvier ou dans le courant de l'année 2008 ne peut que nous réjouir : l'accord intervenu il y a quelques mois entre la Histadrout et le secteur privé met fin à une situation qui était indigne d'un pays développé comme Israël. Il est d'autant plus important qu'il va tout d'abord concerner plus d'un demi million de salariés qui n'avaient jusqu'ici aucune cotisation de retraite, avant d'être généralisé à tout le secteur privé, comprenant même les entreprises n'ayant pas signé d'accord avec la Histadrout.


Bien sur, ce n'est qu'un début, puisque l'accord prévoit que la régularisation des retraites se fera progressivement pour atteindre, en 2013, 15% du salaire moyen. D'aucuns affirmeront que cela reste insuffisant. Pourtant dans un contexte économique de privatisation et de capitalisme à outrance, cette prise de conscience qu'on ne peut laisser, après une vie de travail, des retraités démunis, marque peut être un changement dans l’effort même de modernisation de notre pays. Parce que la modernité d'un pays se mesure aussi à l'obtention de droits qui doivent, comme le droit à la retraite, devenir des droits élémentaires. Parce que la modernité ne se mesure pas seulement au degré de libéralisme, au culte voué à l'argent ou à un taux de croissance, elle se mesure avant tout à notre degré de civilisation, c'est-à-dire notre niveau d'humanité et de soif de justice.


N'oublions pas avec la chanson de Brel que souvent "Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux".


Respecter aujourd'hui nos personnes âgées, c'est garder tout simplement le respect de nous-mêmes.




© Richard Sitbon

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