mardi 4 septembre 2012

Acrobatie de haut vol ...

Les chiffres d'abord : augmentation de la T.V.A. à 17%, l'essence à 8.25 Shekel... Depuis 2011, nous poursuivons la même tendance,celle d'une augmentation des prix dans tous les secteurs de la consommation avec des salaires qui,eux,restent gelés. Pour M. Netanyahu, Premier ministre,"chaque chose à un prix", a-t-il expliqué pour justifier ce régime de vaches maigres. "Ceux qui disent que l'on peut dépenser sans compter mettent en danger l'Etat d'Israel et mèneraient le pays au bord de la banqueroute comme c'est le cas dans les pays européens" a-t-il ajouté. Le spectre de guerre contre l'Iran, la construction d'une clôture de sécurité de 240km de long de la frontière avec l'Egypte sont autant de raisons supplémentaires pour imposer aux Israéliens de se serrer la ceinture... encore et toujours...

Et pourtant ! Avec la Commission Tsemah, chargée d'examiner de quelle manière la production de gaz sera partagée entre exportation et consommation intérieure, nous rappelons à nos mémoires l'extraordinaire richesse du sous-sol israélien en matières premières.

En chiffre, cette richesse donne aujourd'hui à Israel plus de 150 années d'indépendance énergétique avec une estimation de l'ordre de 750 milliards de mètre cube de gaz... Une quantité tellement astronomique que pour certains spécialistes tout ce volume pourrait ne jamais être exploité. Enfin en terme d'entrée d'argent et avec la décision de la Commission Shishinsky, chargée d'examiner les mesures fiscales à appliquer aux sociétés pétrolières et gazières, qui a fixée une imposition allant de 52 à 62% sur les bénéfices, l'Etat d'Israel peut compter les 20 prochaines années sur une augmentation de plus de 30 milliards dans son budget courant... En termes sociaux, plus de chaque milliard de cette manne pourrait être consacré à la construction de 2500 appartements, à l'augmentation de 50% des allocations vieillesses, à la diminution de 40% des dépenses d'études universitaires, à compléter le manque de lits dans les hôpitaux, à construire un hôpital à Ashdod, et enfin augmenter de plus de 25% le budget des infrastructures ferroviaires. Hélas, la Commission Tsema, avec les nouvelles augmentations du coût de la vie, nous a rappelé à l'ordre de cette triste vérité : l'austérité est pour le peuple.

En effet, en décidant d'exporter la plus grande partie du gaz israélien vers l'étranger par une acrobatie de haut vol, la Commission a décidé d'augmenter les profits des compagnies d'énergie et de leurs propriétaires au détriment des citoyens israéliens, contrebalançant alors les décisions de la Commission Shishinsky qui avait provoqué la colère des riches propriétaires d'énergie Au contraire, en imposant une plus grande partie du gaz pour la consommation intérieure, nous aurions alors bénéficié d'une baisse des produits de consommation dans tous les secteurs avec une énergie abondante et peu chère laissée à notre disposition. En obligeant les grandes compagnies d'énergie à vendre le gaz en Israel, nous aurions pu, en effet, bénéficier d'une baisse importante du prix de l'électricité, avec pour impact une baisse des dépenses de production dans tous les secteurs de l'activité économique et donc une réduction générale des prix.

Alors que le monde connait sa plus grande crise depuis les années 1930. Alors que les conséquences économiques de la crise ont été enregistrées sur les sismographes, les conséquences sociales, elles, commencent seulement à produire leurs effets et sont hélas encore devant nous. Alors que la manne du gaz aurait pu amener nos dirigeants à une autre réflexion, les orientations qu'ont, jusqu'à présent, choisi de faire prévaloir les Israéliens ne sont nullement différents des pays européens et des Etats-Unis. Ils sont et restent en contradiction avec les enseignements de la crise.

Nous restons, avec le Premier ministre Netanyahu, accrochés à des certitudes malgré les événements et nous prenons les décisions qui confortent encore et toujours le pouvoir de la finance et des marchés financiers. Alors que l'Etat d'Israel, de part son histoire, bénéficie d'une structure économique originale, mélange de socialisme et de capitalisme. L'apport inattendu de cet argent du gaz aurait pu être une occasion pour nous, occasion non pas de nous séparer des Nations, non pas de les imiter non plus mais d'envisager la construction d'un autre système tiré de notre histoire et de notre héritage...

Richard Sitbon


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