mardi 14 avril 2015

L'importance de la laïcité ou pour le peuple hébreu le DEREH ERETZ


L'importance de la laïcité ou pour le peuple hébreu le DEREH ERETZ

La France a une particularité bien défendue par le "contrat social" de Jean Jacques Rousseau. Dans la société qu'il nomme république, il existe un contrat par lequel "un peuple est un peuple". Où chacun de ses membres s'engage, promet, d'accepter des valeurs sociales universelles, qui se retrouvent dans un acte double : la défense de la liberté et la prise de responsabilité. La Liberté, l'Egalite, la Fraternité, sont trois mots qui sont, non pas seulement le fondement de cette république Française, mais le fondement de toute société qui se voudrait humaine. Et si le mot laïcité n'est pas explicitement prononcé dans son écrit, le contrat social reste un des rares textes de l'humanité qui fonde l'idée d'une société de liberté, ou s'inscrit d'abord la tolérance. Et il ne faut pas être surpris qu'il existe avec la bible un deuxième texte, même si souvent tronqué voir trompé, qui lui aussi met en avant les libertés.
Rabbi yshmael a dit : la sociabilité a devancé de vingt-six générations la torah. Il est écrit : il faut garder la "sociabilité" pour garder la torah.

Midrach raba.

  Ou encore

Rabi Eliezer ben Azaria nous dit : si il n'y a pas de torah il n'y a pas de sociabilité, si il n'y a pas de sociabilité il n'y a pas de torah.

Et ces textes, mettent en lumière une évidence oubliée, qui peut aujourd'hui nous paraitre étonnante : il n'y a pas de religion sans laïcité.

La laïcité, c’est-à-dire l'ouverture sur les idées, la tolérance, est la prémice, et la condition non seulement de la pensée religieuse, mais c'est cette laïcité qui va permettre aussi le maintien de la religion dans sa logique de droit et de justice. La laïcité est cette sociabilité dont nous parlent les textes du judaïsme. Rousseau, visionnaire de la pensée sociale, nous offre d'ailleurs un écrit peu étudié et lu : le "lévite d'Ephraïm".

Rousseau a trouvé le sujet de son récit dans la bible, dans le livre des juges, qui relate l'histoire…d'un lévite dont la concubine est violée en territoire de benjamin. Ce lévite selon la suite du récit biblique coupera le corps de la femme morte en 12 morceaux, qu'il enverra alors aux douze tribus…

Le sujet de Rousseau, d'une extrême violence n'est pas pris au hasard. En effet nous sommes dans un état hébreu où la bible vient d'être donnée. Où les douze tribus sont les contemporains des miracles de Dieu, lors de la sortie d'Egypte et pendant la traversée du désert. Et pourtant l'histoire nous décrit un environnement de violence, sans humanité, sanglant. Et c'est l'absence de laïcité au sens "du respect de tous" qui dans la société décrite dans les juges a été perdu.

D'ailleurs le livre des juges dans le chapitre dix-neuf, commence bien par la laïcité : "et il advint, hélas, en ces jours-là, et de roi, point en Israël". C'est cet oubli de la condition primaire, "la sociabilité", qui fait défaut, et cette carence conduit toute la société à sa perte.  Ce contrat social Français est ce défi que la France a délaissé depuis des années, pour imiter un système ou adopter des idées et attitudes qui peuvent être perçues comme une certaine servilité, en tout cas, surement comme une abdication.

Abraham, prophète, philosophe, révolutionnaire aussi, éveilleur de conscience surement, ne s'est jamais désisté, pour trouver son Dieu, allant jusqu’à affronter son père Terah.  Abraham n'est pas le seul à croire à l'unité de Dieu. Sem le fils de Noé a été le contemporain d'Abraham, la connaissance de Dieu est déjà une réalité du monde. Mais cette réalité doit être repensée, parce que déviée. Devenir pour un temps un "hébreu", c’est-à-dire quelqu'un qui se trouve à part, de l'autre côté[1] de la rive, ne lui fait pas peur.

Mais une défense de la laïcité comme garant du pluralisme n'est pas suffisante. Il faut utiliser cette force, pour garder l'esprit du questionnement, pour ne pas rester figé dans des conceptions, dans une pensée, mais être poussé vers la création et l'engendrement.

Sans cette impulsion, la société devient incapable de voir et de comprendre les altérations de la collectivité. Le "surplace" se transforme très vite en faiblesse et en régression.

Le choix facile de la bonne conscience, dans un comportement d'accommodements et de compromis pour garder une vitrine illusoire explose finalement en poussière. Dans le récit, ce n'est plus la loi et la vie sociale qui est respectée, mais la priorité de sauvegarder une image. Dans le récit, c'est en effet pour sauvegarder la règle de l'hospitalité, que les protagonistes de l'histoire cèdent aux "sans droits", en leur donnant pour les assouvir, une concubine, qui est violée et tuée. L'apparence sociale devenant alors une priorité, au mépris de la liberté de la fraternité et des idées de justice.

La grande leçon à tirer de ces textes se trouve aussi dans une nouvelle époque qu'il faut inventer : le temps de la solidarité.