mardi 13 décembre 2011

Actualités

Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... le 15 décembre 2011 à 18h15, 20h30 et 21h15, le 16 décembre à 15h et le 17 décembre à 19h30.

Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après

http://www.playtv.fr/television/guysen-tv

mercredi 7 décembre 2011

Actualités


Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... le 8 décembre 2011 à 18h15, 20h30 et 21h15, le 9 décembre à 15h et le 10 décembre 2011.
Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après
http://www.playtv.fr/television/guysen-tv

mercredi 30 novembre 2011

Actualités


Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... aujourd'hui 1er décembre 2011 à 18h15, 20h30 et 21h15. 
Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après
http://www.playtv.fr/television/guysen-tv

vendredi 18 novembre 2011

Intervention du 17 novembre 2011 sur Guysen tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot

Intervention du 17 novembre 2011 sur Guysen tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot.

http://www.guysen.com/tv/index_flash.php?vida=5906

jeudi 17 novembre 2011

Option sur un contrat à terme de blé, ou option sur la faim. Article rédigé pour Hamodia 16 février 2009

Les mots sont techniques, simples, froids. Ces mots expliquent aux investisseurs les termes du contrat à option sur le blé. On lit : L'option est exerçable à tout moment jusqu'à sa date d'expiration… à tout moment sont cotées les options dont le prix d'exercice est le plus proche du cours du contrat à terme ferme du blé… la chambre de compensation fait constituer par le vendeur d'option une somme correspondant à titre de garantie de la perte qui découlerait de l'évolution la plus défavorable de la valeur liquidative de sa position nette globale... tous ses mots pour du blé. Car pourquoi se contenter d'actions, d'obligations, ou des services financiers classiques, il faut aujourd'hui faire de l'argent sur tout. Même sur le blé, le riz, le sucre...

Le prix du blé atteint 180 € la tonne environ aujourd’hui, ce qui fait un plus de 70% pour les investisseurs en un an. Bien sur les raisons premières de la flambée des prix sont classiques : sécheresse en Australie l’an dernier, en Ukraine et en Roumanie cette année, pluie et froid en Europe, gel des terres agricoles et moisson décevante. A cela s'ajoute l'intérêt croissant pour les biocarburants. L’élément marquant est l’utilisation de plus en plus grande qui est faite des céréales, du sucre, des graines oléagineuses et des huiles végétales pour produire des combustibles de substitution, de l’éthanol et du biogazole. 


Ainsi si la pénurie de céréales a provoqué une hausse des prix, d'autres raisons plus sombres et inacceptables sont à l'origine de cette crise sans précédant.
 

Tout d'abord la modification des mécanismes d’aides européens a bouleversé le marché. La suppression au nom de la sacro sainte "liberté des marchés" des aides à l’exportation a provoqué une dérégulation. Dès lors, comme toute marchandise, dès que les céréales manquent, les prix flambent.
Mais plus grave, de marchandise ce blé est devenu aussi "produit financier" et source de bénéfice, il suffit pour cela de profiter de mauvaises moissons et des tensions du marché pour le mettre en stockage et déclencher une hausse des prix. Ce blé n'est plus alors la base de la nourriture des hommes mais une nouvelle matière première agricole très spéculative. Les fonds de retraites ont depuis quelques temps compris l'énorme source de profit à tirer des céréales. 


Profitant de la réduction de la collecte de blé dans les pays producteurs et une demande de céréales en hausse due au changement des habitudes de consommation de la Chine et de l’Asie avec une alimentation intégrant beaucoup de céréales, l’arrivée des fonds de pension et des fonds d’investissements sur le marché à terme a amplifié la spéculation. Les cours sont devenus très volatiles. Leur volatilité est aujourd’hui de 40 %. Elle était de 10 % lorsque le marché était relativement encadré par la Politique agricole commune. 


Mais si la bulle internet a explosé en vol et ruiné beaucoup plus d’investisseurs qu’elle n’en a enrichis, si la bulle spéculative immobilière l’année dernière s’est mal terminée, aux Etats-Unis, la spéculation sur le prix des céréales est elle autrement plus dangereuse. En effet on ne peut pas liquider les stocks d’invendus de maisons en Floride ailleurs qu’en Floride ; donc leurs prix doivent forcement baisser, quant aux valeurs internet, on peut s’en passer dès qu’elles deviennent trop chères.
 

Pour les céréales, c’est différent. Elles se transportent d’un continent à l’autre et sa consommation est indispensable pour une population toujours plus nombreuse, quelques soient les prix, il y aura toujours preneur. Si jusqu'à présent la mondialisation nous paraissait être loin de nous, ses effets se répercutent aujourd'hui dans nos assiettes.
 

Cette hausse des prix des denrées, qui affecte d'abord les plus pauvres, peut conduire au chaos social. La Banque mondiale estime que la montée des prix des produits de base qu'on connaît actuellement pourrait créer des troubles dans une trentaine de pays. Déjà, on rapporte d'ailleurs des affrontements au Maroc, en Afrique subsaharienne et en Thaïlande, où des producteurs de riz dorment dans leurs champs pour éviter de se faire voler leurs récoltes. 

Le monde se dirige "vers une très longue période d'émeutes" et de conflits liés à la hausse des prix et à la pénurie des denrées alimentaires, estime aussi Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l'alimentation, "Avant la flambée des prix déjà (...) 854 millions de personnes étaient gravement sous-alimentées. C'est une hécatombe annoncée", met en garde M. Ziegler. 


A cette théorie politique mondialiste qui nous entraîne vers un monde de chaos , à cette théorie capitaliste dont la vision de l'homme se borne à "l'avoir", plus consommer, pour plus avoir, le judaïsme et la Thora nous montre une autre voie, et nous encourage à travers les textes, à aborder l'économie sous une double perspective, biblique et économique, pour contribuer à faire de l'économie non une exploitation de l'homme par l'homme, mais une production éthique en réussissant à réintroduire cette finalité indissociable de l'homme : consommer et travailler pour "être". Il semble que le temps soit venu de montrer aux nations du monde le vrai chemin. 


Richard Sitbon

crise fatale ou… « enfantement » ? Article rédigé pour Hamodia n° 190, 26 octobre 2011

Derrière les nouvelles revendications des jeunes manifestants israéliens prônant plus de justice sociale, ou plus loin encore - en Europe - avec les crises financières et sociales de pays au bord de la faillite (comme l'Espagne, le Portugal et même la France)… voire carrément déjà dans le précipice (comme l'Irlande ou la Grèce), une question essentielle nous interpelle : qu'arrive-t-il à nos sociétés et à nos économies ? Que devons-nous comprendre : sommes-nous au bord du chaos, ou au contraire dans les douleurs d'un enfantement ?

En Israël, la situation nous paraît d'autant plus confuse que tous les indicateurs économiques attestent d’une économie en bonne santé - forte croissance, baisse de la dette publique et taux de chômage au plus bas -, et ce, en dépit de la mauvaise conjoncture internationale, alors qu’en même temps beaucoup ressentent des difficultés croissantes dans leur vie quotidienne où les prix s'envolent et les salaires stagnent…

En réalité, la grande dépression, commencée en septembre 2008 et qui a pulvérisé les illusions de la déréglementation économique, a contraint les experts à repenser cette idée « adorée » depuis plus 50 ans selon laquelle les marchés libres et sans entraves seraient « efficaces ». En fait, ce schéma a abouti aux mêmes résultats dans presque tous les pays : création d'une élite réduite et très riche, tassement des classes moyennes et augmentation de la précarité sociale. Bien pire : sous la pression de la Commission européenne, du FMI ou des agences de notation, bien des pays – dont Israël - ont appliqué avec une rigueur renouvelée des programmes de réformes et d’ajustements structurels qui n’ont fait qu’accroître les inégalités. À cela s'est ajoutée l'apparition d'une oligarchie financière dotée d’un pouvoir parfois encore plus puissant que celui des États et des gouvernements démocratiquement élus !

Une situation différente en Israël

Mais dans ce schéma commun, la situation d'Israël est différente des pays européens ou des USA où ce n’est plus la croissance qui est la priorité, mais la survie et notamment la lutte contre les énormes déficits publics. Un combat d'autant plus difficile que ces pays sont pris dans un étau, car les marchés financiers ont décidé de spéculer sur les dettes souveraines de ces pays européens, et tout particulièrement sur ceux du sud : Grèce, Portugal, Espagne… L’Europe se voit donc prise à son propre piège institutionnel : ces pays doivent emprunter auprès d’institutions financières privées devenues incontournables et qui obtiennent quant à elles des liquidités à bas prix de la Banque centrale européenne !

En Israël au contraire, les gouvernements ont su - par une politique rigoureuse et grâce aux structures économiques contrôlées par les « régulateurs » de la Banque centrale et du Trésor public - échapper à la crise financière de 2008. Mais nous restons encore soumis à des choix dictés par l’idéologie chimérique de l'ultra-libéralisme et la dictature d'une élite financière qui ne mesure la réussite d’un pays qu'à la docilité de ses leaders face aux exigences des marchés financiers. Or, cette soumission est destructive, car elle exclut tout débat démocratique véritable sur les choix économiques nationaux.

Placés en « pilotage automatique », les budgets des gouvernements successifs restent dans un « logiciel » néolibéral toujours légitime ! Et ce, malgré ses échecs patents : ainsi, d'année en année, quelle que soit la situation économique et en dépit de découvertes aussi essentielles que de formidables gisements de gaz maritime, nos experts prônent la même politique : réduire les dépenses publiques, privatiser les services publics, « flexibiliser » le marché du travail, libéraliser le commerce, et les marchés de capitaux, tout en accroissant partout la concurrence...

Un cycle déjà annoncé de troubles sociaux dus
aux structures mêmes du système « anarcho-capitaliste »…

En matière d'inégalité, il faut d'ailleurs toujours savoir distinguer deux choses : d'abord l'évidence incontournable voulant que la croissance économique israélienne soit réellement extraordinaire d'Israël ; et, d'autre part, l'augmentation des inégalités sociales. Il s'agit en fait de deux choses fort différentes !
Car la hausse sans cesse croissante des inégalités partout dans le monde - et donc aussi en Israël ! - a pour cause les structures de fonctionnement du système ultra-capitaliste qui s'hypertrophient depuis vingt ans dans la plupart des pays aboutissant au même résultat : une fragilisation des classes moyennes, une aggravation de la pauvreté touchant les plus déshérités, l'enrichissement d'une minorité élitiste représentant une très faible partie de la population. Un processus qui, dans notre propre pays, remet en cause non les fortes capacités potentielles de l'économie israélienne, mais bel et bien le mode entièrement déréglé de redistribution des richesses.

Dans ce débat, je fus en fait l'un des économistes ayant su voir se profiler à l'horizon toutes ces contradictions de l'« économie financière », et qui a su prévoir la crise de 2008… En effet, dès 2007, je publiais un ouvrage sur ce sujet dénonçant le système de l'anarcho-capitalismeet ses conséquences ravageuses (*)...

J'avais alors déjà tiré le signal d'alarme sur cette augmentation des inégalités, en affirmant notamment que tout cela risquait de déboucher sur des émeutes à travers le monde. De plus, j'écrivais dans Hamodia en avril 2009 - soit un an et demi avant ce qu'on appelle maintenant le « printemps arabe » - un article intitulé « Option sur un contrat à terme de blé : l'option sur la faim… », dans lequel je disais, entre autres : « Cette hausse des prix des denrées affectant d'abords les plus pauvres peut conduire au chaos social. La Banque mondiale estime ainsi que la montée actuelle des prix des produits de base pourrait créer des troubles dans une trentaine de pays. On rapporte d'ailleurs déjà la multiplication d'affrontements au Maroc, en Afriquesubsaharienne et en Thaïlande, où des producteurs de riz dorment dans leurs champs pour éviter de se faire voler leurs récoltes… »

Ce que devait aussi confirmer, Jean Ziegler, le rapporteur spécial des Nations Unies pour le Droit à l'alimentation, en écrivant notamment : « Le monde se dirige vers une très longue période d'émeutes et de conflits liés à la hausse des prix et à la pénurie des denrées alimentaires. (…) Dès avant ce processus de flambée des prix, on a déjà constaté que 854 millions de personnes de par le monde étaient gravement sous-alimentées. C'est donc là le signe évident et annoncé d'une véritable hécatombe ! »

Consommer et travailler pour « être », et non plus pour « avoir ».
 
Or, ce que pressentent aujourd'hui les citoyens de tous ces pays en pleine révolte sociale - jeunes Israéliens et autres - dans leurs protestations, c’est qu'il existe une autre voie et d'autres alternatives économiques plus justes et équitables pouvant servir non « l'économie » en tant qu’entité abstraite, mais les membres bien vivants de la société ; et ce, afin d’aboutir au bonheur de vivre ensemble…

De plus en plus nombreux sont les économistes qui, après les ravages faits par ces élites financières, s'interrogent sur le « déficit moral » de cette politique fondée sur la quête insatiable des profits et cette vision à court terme de l'économie. Des recherches qui constituent un véritable « enfantement » après 30 ans de libéralisme cruel et d’idolâtrie des marchés !

C'est pourquoi il est urgent de rouvrir l’espace des politiques possibles et mettre en débat des propositions alternatives bridant le pouvoir de la finance et organisant l’harmonisation des systèmes économiques et sociaux en vue du progrès collectif.
Or, dans cette réflexion essentielle, le judaïsme a évidemment son mot à dire pour réintroduire la finalité des politiques économiques : le bonheur de l'homme au sein de la société.

Ainsi, l’éthique de la religion juive et l'économie talmudique appellent-elles nos dirigeants à repenser aujourd'hui complètement l'économie : à la fois au niveau « mécanique » de l’efficacité (qu’est-ce que la quête de la richesse ?), mais aussi au plan éthique selon une conception du « bien » dirigé dans un but d'accomplissement social.

Il est donc grand temps d'en prendre conscience pour pouvoir consommer et travailler afin d’ « être »… et non plus pour se borner à « avoir » !

Richard Sitbon 

* Économiste et auteur de l’essai « Une réponse juive à l'anarcho-capitalisme » paru en 2007 à Paris aux Éditions L’Harmattan.

mercredi 16 novembre 2011

Actualités

Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... aujourd'hui 17 novembre 2011 à 18h15, 20h30 et 21h15. 
Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après
http://www.playtv.fr/television/guysen-tv 
 
 

jeudi 10 novembre 2011

Actualités

Intervention sur Guysen-tv de Richard Sitbon dans l'émission "Les enjeux de l'économie" présentée par Lionel Bobot ... aujourd'hui 10 octobre à 18h15, 20h30 et 21h15. 
Si vous n'êtes pas encore abonné à Guyen tv, vous pouvez visionner directement sur le site de Guysen tv ci-après
http://www.guysen.com/

mercredi 5 octobre 2011

Actualité

Nouvelle émission, Les enjeux de l'économie, sur Guysen-tv présentée par Lionel Bobot avec Richard Sitbon aujourd'hui 6 octobre à 18h15, 20h30 et 22h15.

lundi 3 octobre 2011

Les oubliés de la Shoah : est ce suffisant ? Article rédigé pour Hamodia, août 2008

Notre gouvernement annonçait fin octobre une hausse de l'indemnisation des survivants de la Shoah
Déjà au mois d'août, un premier geste avait été fait en faveur du premier cercle des rescapés : ceux qui avaient survécu aux camps de la mort. Le mois dernier, c'est au deuxième cercle, ceux qui avaient fui pour échapper aux nazis, que se sont adressées les nouvelles mesures. Le premier ministre nous déclarait en présentant ces aides : "L'Etat d'Israël n'a jamais donné à ceux qui ont survécu à la Shoah l'attention et les ressources qu'il a mis dans la culture de la mémoire de ceux qui sont morts dans la Shoah".

Nous ne pouvons que nous féliciter de ce changement d'attitude du gouvernement d'Israël. Il reste, néanmoins, que les nouvelles mesures prisent nous semblent, aux regards de la situation des rescapés et de leurs contributions à la création de l'Etat d'Israël, bien insuffisantes. La première annonce d'une augmentation au début du mois d'août d'une rallonge de 83 shekels par mois et par survivant, a été vécue comme une insulte faite aux 70,000 rescapés des ghettos et des camps de la mort. Sur les 250,000 survivants, y compris ceux qui ont fuient l'Allemagne nazie, c'est aujourd'hui plus d'un quart qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et si toutes les pauvretés sont inacceptables, la pensée, que ceux qui ont arboré l'étoile jaune ou porté le pyjama rayé, doivent, sur notre sol retrouvé, choisir entre leurs médicaments ou du pain est intolérable. Et si finalement une aide promis de 1.200 shekels pour ceux qui ne recevaient aucune pension de l'Allemagne ou d'Israël a été fixée, il ne faut pas oublier non plus, que nous parlons de personnes ayant, le plus souvent, passé la barre des 80 ans. Mais les aides accordées ou les déclarations de bonnes intentions nous paraissent bien peu de chose, face aux vrais problèmes qui sont laissés en suspend pour des raisons politiques ou, plus graves, pour des raisons purement mercantiles. 


Le président de l'Agence juive Zeev Bielski déclarait, il y a quelques mois : "Si l'allocation des indemnités aux survivants continue au rythme d'aujourd'hui, alors la plus grande partie des sommes allouées resteront dans les banques américaines après le décès du dernier rescapé". Interrogeons-nous avec lui... alors que 80% de ceux qui sont sortis des ghettos vivent en Israël, pourquoi les critères et les décisions pour allouer les sommes dues aux rescapés restent le fait de quelques individus vivant sur le sol des États-Unis ? Mais sans traverser l'Atlantique, regardons chez nous et demandons ensemble au gouvernement d'Israël, avant que ne soit privatisées toutes les banques israëliennes, que soit réglé le problème, les comptes ouverts par nos frères assassinés en Allemagne nazie et qui soixante ans plus tard, restent irrésolus. Nous parlons pourtant de plus de 2,500 comptes qui ont été ouverts et si une partie de l'argent a été reversée, exigeons avec Madame Ruth Avraham, secrétaire générale de la société pour La restitution des biens aux rescapés et avec la Commission parlementaire de 2004, sous le patronage de Madame la député Colette Avital, que soient restitués non pas 37 millions de shekel mais les 307 millions dus. 

Interrogeons-nous aussi, avec les banques israéliennes, sur la raison pour laquelle les sommes qui arrivent d'Allemagne au début ou au milieu du mois sont reversées aux rescapés seulement à la fin du mois et sans les intérêts. Pourtant, un rapide calcul sur les dix dernières années nous montre que ce sont des dizaines de millions de shekel d'intérêt qui ne sont pas reversés aux ayant-droits. Enfin questionnons-nous, avec le contrôleur de l’État d'Israël, Micha Lindenstrauss : pourquoi faut-il chez nous que 17% des demandes d'aides de rescapés de la Shoah restent sans réponses après 7 ans et que 58% d'entre elles ne sont traitées qu'après plusieurs années ? 

Face à tous les défis d'Israël, ce ne sont pas les négociations avec les palestiniens, la menace syrienne ou la bombe iranienne qui doivent nous effrayer. Dieu, soyons en certain, reste notre meilleur bouclier ! Notre véritable ennemi est en nous, dans notre perte d'humanité face aux plus démunis. N'oublions pas pourtant, que c'est grâce à ses hommes et ses femmes courbés par le temps, que nous sommes debout aujourd'hui sur notre terre, rescapés des camps, qui sortis de l'horreur de l'enfer, ne représentaient plus en 1948 que la moitié des forces qui combattirent pour l'Indépendance de notre pays. 

@ Richard Sitbon

Pour changer le mode de scrutin en Israël... Article rédigé pour Hamodia, octobre 2009

Et pourquoi pas des élections pour le peuple ?

A chaque élection, des mots comme "changement" et "espoir" sont utilisés. Espoir que l'on puisse prévenir les guerres, traiter efficacement de la misère, de l'injustice ou de la dégradation de l'environnement. Hélas, le système en vigueur en Israël fait que ses espoirs, ses attentes relèvent plus de la propagande que d’une volonté sérieuse des élus. Les pratiques démocratiques Israéliennes se sont dégradées et les élections représentent davantage des gestes de soumission de la part des électeurs que des actes de liberté.


La situation actuelle est celle d’une unanimité de façade qui estompe une profonde crise institutionnelle. Le système israélien, qui de l'extérieur peut paraître équilibré, porte en lui le déni de démocratie : le droit de participer de manière significative au processus électoral est brimé, le droit à une représentation effective est brimé. Le système israélien correspond plus aujourd'hui à un système médiatique qui se conçoit comme partie prenante des classes dirigeantes et non comme vecteur d’une information critique ou de décisions qui seraient l'expression des enjeux de politique sociale, économique ou étrangère.

A ce propos, le récent rapport publié par le doctorant Assaf Bakar de l'Université de Tel Aviv ne nous surprend donc pas. Cette enquête a été réalisée dans le cadre d'une réflexion sur la nécessité d'un passage en Israël à un système électoral qui représenterait plus fidèlement le vote des électeurs et surtout permettrait de respecter les régions. L'étude de M. Bakar est éloquente pour expliquer pourquoi il existe des zones de pauvreté en Israël et tant de disparités. Selon ses conclusions, près d'un million de citoyens israéliens n'aurait aujourd'hui pas de représentant au Parlement israélien. De plus, le rapport conclut plus spécialement que plus une zone a de représentants à l'assemblée et plus elle bénéficie d'argent gouvernementale et de subventions.

Pour réaliser son enquête Monsieur Bakar a divisé Israël en 46 zones. Et le résultat donné par l'enquête est frappant par son évidence : les zones les plus représentées par des députés sont les zones les moins pauvres et qui bénéficient donc de plus de budget. Au delà de la question démocratique, est posé aussi la question de l'accès à la culture, aux transports ou enfin à l'éducation de ces zones non représentées. L’accès aux biens culturels et aux loisirs demeure alors avec le système actuel fortement inégalitaire.
Ainsi les zones sud d'Israël ne n'ont aucun député, et ceci à partir du sud de la ville de Beer-Sheva. Le Golan, dont les seuls habitants juifs sont estimés a plus de 23,000 personnes, n'a lui aussi aucun député. Plus encore l'enquête démontre que plus de 450 mille habitants ne sont pas représentés, 13 régions encore n'ont aucun représentant, et près de 59% de la population souffre d'une représentation très faible à l'assemblée.


La deuxième question intéressante de l'enquête a été de savoir si les députés, qui représentaient des zones éloignées du centre, étaient actifs pour leur zone. Ici aussi la conclusion de l'enquête est inquiétante car une fois élus les députés, venant de zone de faible revenu, émigrent vers le centre. Au bout du compte, une cassure véritable s'opère entre ces députés et leurs zones d'origines. Et l'enquête de conclure, que seul un changement du mode d'élection donnerait une représentation plus démocratique, mais donnerait aussi une solution pour régler le problème d'écart de richesse en Israël.

Ce changement reste le seul moyen de garantir le respect de la démocratie et de donner une vision non déformée de la pensée politique des citoyens puisque chaque courant de pensées, chaque zone, chaque citoyen seraient représentés. Changer de mode de scrutin serait aussi changer les pratiques politiques mais aussi la seule garantie de faire entrer des idées nouvelles dans la vie politique car, par définition, une idée nouvelle, pensée par un seul homme, puis deux, puis cent…est au départ une idée minoritaire et ne pas lui donner sa chance, c'est tout simplement renier le progrès.


© Richard Sitbon


Richard Sitbon interviewé par Jean Corcos lors de l'émission Rencontre sur Judaïque fm le 2 septembre 2011

http://rencontrejfm.blogspot.com/2011/01/leconomie-disrael-et-le-moyen-orient.html

Stratégie pour sortir de la crise... Article rédigé pour Hamodia, avril 2009


Monsieur Pierre de Charentenay dans la sérieuse revue "Etudes" écrivait : "La crise financière a été amortie par des centaines de milliards d’euros. Viendra bien vite la crise sociale et son cortège de mises à pied. Ensuite, viendra la crise politique car il faudra bien se demander comment ceux qui sont en charge du bien commun n’ont rien vu venir d’une si rapide débandade".


La crise que nous traversons est une crise systémique. Elle relance la question des bases même du fondement social. Au-delà des questions financières, boursières et économiques, elle nous interpelle sur le sens et le but de la société que nous avons organisée. La stratégie pour sortir de la crise ne peut se trouver dans les politiques économiques traditionnelles, nos armes classiques comme les baisses des taux d'intérêts, l'injection de liquidités dans des industries en faillite ou dans des organismes financiers qui nous ont conduits à la crise, ne pourra arrêter ce processus de dislocation d'un système qui a oublié le sens et les finalités du "vivre ensemble". Hélas les dirigeants des États-Unis, du Japon et de l'Europe, continuent de croire que notre crise est passagère, alors que le système est hors d'usage. Il est pourtant urgent de comprendre la profondeur de la crise et de déjà commencer la reconstruction du système dans son entier, sur d'autres bases, en refondant les liens qui unissent les hommes entre eux. Faute de quoi nous risquons de perdre tout contrôle sur les événements économiques et politiques, avec comme scénario catastrophe possible la faillite de grands pays et la cessation de paiement des États-Unis avec un effondrement du dollar et l'apparition de chaos régionaux.


Notre espoir est dans cette prise de conscience du devoir du renouvellement. Renouvellement qui doit passer en premier lieu par la fin de la diffusion de l'individualisme dans la société, qui a privilégié un rapport des hommes à l'objet au détriment d'un rapport des hommes entre eux. Ces nouveaux rapports devront privilégier non les marchandises, mais une société construite par les gens, pour les gens. La refonte de l'économie devra passer par l'innovation sociale, par une économie solidaire, où le système économique préservera les biens communs (la terre, l'eau, la nature). La restructuration des économies se fera avec la réalisation de grands chantiers qui devront utiliser des matériaux d'avant-garde, les constructions devront être intelligentes, basées sur l'énergie solaire et la récupération des eaux de pluies. Le soleil devra devenir le pétrole de demain, avec le développement d'un programme mondial de placement de miroirs solaires dans les déserts. Ainsi selon le physicien allemand Gerhard Knies, il suffirait d'exploiter 1 % de la surface des déserts de la planète pour  "produire l'électricité nécessaire à toute l'humanité". Il ne faudra pas hésiter à abandonner les industries du siècle passé. La conception d'un véhicule électrique ou hybride adapté au milieu urbain devra remplacer nos voitures traditionnelles. Les ampoules seront remplacées par les diodes électroluminescentes, la nouvelle économie se devra d'être écologique, humaine, et intégrer dans sa politique des données de qualité de vie et pas seulement de quantités. Cette crise économique est la réaction naturelle de l'émergence de l'éthique dans un monde économique qui en était déserté. L'autonomie de l'économie est une illusion, comme sa capacité à s'autoréguler. Et c'est par le poids excessif de cette illusion que nous en sommes arrivés à la rupture présente. C'est cet oubli de l'éthique qui conduit aujourd'hui le système à sa fin. "Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons, écrivait Keynes, sont que le plein emploi n'y est pas assuré et que la répartition de la fortune et du revenu y est arbitraire et manque d'équité". Ce retour à l'humanisme est aujourd'hui notre défi.


© Richard Sitbon

Endiguer les graines de la violence... Article rédigé pour Hamodia, novembre 2009

Nous assistons depuis quelques semaines au grand retour, comme chaque année, du festival de novembre chez nos politiciens. Ce festival consiste à l'approche de l'anniversaire de l'assassinat de Yitzhak Rabin, à proclamer haut et fort, notre indignation face à la violence…

Hélas, aucun de nos politiciens ne s'interroge sur le pourquoi de cette violence de plus en plus dure que l'on constate chez certains citoyens de Judée - Samarie depuis l'évacuation d'Amonah.


Pourtant la violence est intrinsèque et omniprésente dans tout système démocratique. La démocratie n'utilise- t-elle pas la violence comme moyen politique légitime pour assurer l'ordre public ? Il y aurait donc une violence légitime à intégrer au système démocratique et une violence illégitime, celle des citoyens mécontents, à expulser du régime. Cependant l'émergence de violence illégitime dans un système démocratique est historiquement le signe de pertes pour la société où elle surgit, des valeurs universelles et fondamentales que sont la justice, la tolérance et la liberté. Elle peut parfois être l'ultime recours trouvé par le peuple pour voler au secours de la démocratie quand celle-ci est en péril. 


Ainsi en France, la violence de la révolution estudiantine de mai 1968 aboutit finalement au changement de république et au renforcement de ses valeurs démocratiques. L'éclosion de la violence illégitime résulte aussi du sentiment de perte du lien du peuple avec la gestion publique et le politique. Pour l'endiguer, il faut la régler dans le fond et non dans la forme. La violence illégitime continuera à se développer malgré les politiques de répressions et pourra dégénérer en lutte armée incontrôlable tant qu'elle ne sera pas traitée à sa source : il est impératif que les politiciens et les élus redeviennent ce qu'ils n'auraient jamais du cesser d'être : des représentants du peuple.
 

La politique en démocratie, c'est accepter ce postulat apodictique selon quoi la politique n'est pas qu'affaire d'argumentation, il faut aussi entrer en résonance avec l’état d’esprit des gens, voire avec l’âme d’un peuple. Pour Alain, "La démocratie n'est pas dans l'origine populaire du pouvoir, elle est dans son contrôle. La démocratie, c'est l'exercice du contrôle des gouvernés sur les gouvernants. Non pas une fois tous les cinq ans, ni tous les ans, mais tous les jours."

Les graines de la violence illégitime sont semées avant tout par les politiciens, qui refusent le contrôle de la démocratie par le peuple. Ceux là mêmes qui demain seront peut être en cellule mais qui continuent à vouloir diriger le cours de l'histoire. Ceux qui déclarent avoir changé tout d'un coup d'opinions politiques, mais qui refusent de se représenter devant le peuple avec leurs nouvelles idées. Ceux qui menacent d'appliquer sur une partie des citoyens les lois du mandat britannique, lois qui nient les droits fondamentaux au libre déplacement ou à un procès équitable avant d'être enfermé en prison. Où ceux enfin dirigeants de parti politique qui après avoir subi un échec et un désaveu de leur propre clan après un vote démocratique décident malgré tout d'expulser des familles de leurs maisons.


Mettre fin à la violence illégitime, c'est avant tout donner plus de liberté, non seulement dans la liberté d'expression des citoyens mais aussi même si nous devons quelques fois grincer des dents dans la liberté du pluralisme des courants d'opinions de l'extrême gauche mais aussi de l'extrême droite.



© Richard Sitbon

Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. Article de 2008 toujours d'actualité ... hélas

"Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux."


Qui d'entre nous ne connaît pas cette chanson de Jacques Brel, Les vieux.
Pour le plaisir citons aussi ce vers :


"Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin".


Cette semaine le tribunal de Tel-Aviv a repoussé les arguments de l'avocat d'un grand hôpital du centre du pays qui affirmait que le décès d'une personne âgée dû à une erreur médicale, ne devait pas donner lieu pour la famille du défunt à l'obtention de dommage et intérêt, puisqu'en considération de l'âge avancé du patient (76 ans), sa disparition ne constituait pas pour la société et pour la famille "une perte de vie ".


Bien sur l'argument soutenu par cet avocat nous paraît extrême. Et pourtant qui n'a pas quelquefois entendu au détour de certains couloirs d'hôpitaux ou d'ailleurs, des phrases tels que : "de toute façon il devait mourir". La sentence rendue par le tribunal ne peut que nous rendre optimiste sur l'avenir de notre peuple en Israël. Se basant sur la loi hébraïque, le juge a rappelé à l'avocat de l'hôpital le principe juif millénaire de la sainteté de la vie. Rappelons que le sort des personnes âgées en Israël reste difficile. Selon les chiffres que nous indique le Bituah leumi, presque 25% des seniors seraient dans une situation financière précaire, qu'une personne de plus de 65 ans sur cinq vivrait sous le seuil de pauvreté et, plus grave encore, qu'un quart des personnes âgées, soit presque 170,000 individus n'auraient pas droit à une retraite.


Dans ce contexte, la nouvelle loi sur les retraites qui devrait entrer en vigueur en janvier ou dans le courant de l'année 2008 ne peut que nous réjouir : l'accord intervenu il y a quelques mois entre la Histadrout et le secteur privé met fin à une situation qui était indigne d'un pays développé comme Israël. Il est d'autant plus important qu'il va tout d'abord concerner plus d'un demi million de salariés qui n'avaient jusqu'ici aucune cotisation de retraite, avant d'être généralisé à tout le secteur privé, comprenant même les entreprises n'ayant pas signé d'accord avec la Histadrout.


Bien sur, ce n'est qu'un début, puisque l'accord prévoit que la régularisation des retraites se fera progressivement pour atteindre, en 2013, 15% du salaire moyen. D'aucuns affirmeront que cela reste insuffisant. Pourtant dans un contexte économique de privatisation et de capitalisme à outrance, cette prise de conscience qu'on ne peut laisser, après une vie de travail, des retraités démunis, marque peut être un changement dans l’effort même de modernisation de notre pays. Parce que la modernité d'un pays se mesure aussi à l'obtention de droits qui doivent, comme le droit à la retraite, devenir des droits élémentaires. Parce que la modernité ne se mesure pas seulement au degré de libéralisme, au culte voué à l'argent ou à un taux de croissance, elle se mesure avant tout à notre degré de civilisation, c'est-à-dire notre niveau d'humanité et de soif de justice.


N'oublions pas avec la chanson de Brel que souvent "Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux".


Respecter aujourd'hui nos personnes âgées, c'est garder tout simplement le respect de nous-mêmes.




© Richard Sitbon

"Vision" de l'intérêt dans le judaïsme. Article écrit le 21 décembre 2009

L'intérêt comme notion économique est au centre de la préoccupation des penseurs et ne laisse personne indifférent : il touche aux considérations de justice sociale et d'inégalités et imprègne notre vision de la société.

Quelle que soit la définition ou le rôle donné à l'intérêt, tous les économistes s'entendent pour ne pas négliger l'influence de l'intérêt dans la vie économique. Comme toute théorie de vie, la Bible dans son regard sur l'économie se penche aussi largement sur la notion d'intérêt. Malheureusement, nous trouvons des travaux, des penseurs et économistes qui, sous prétexte de développer des réflexions sur l'intérêt, pensent qu'il est de bon ton de retracer rapidement dans le cadre de leurs études un historique de l'intérêt dans la pensée des religions. Ainsi nous trouvons dans le livre "Le système financier Islamique", page 33, un rapide aperçu de ce que serait l'intérêt dans une pensée talmudique. Sous un titre de chapitre, "Interdiction de l'intérêt dans l'histoire non musulmane", Imane Kariche, l'auteur écrit : "La première opposition à l'intérêt dans l'histoire remonte au culte juif. Se basant sur le texte du deutéronome 23, 19,20 : Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivre, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. Et d'ajouter : "on ne trouve cependant aucune explication rationnelle et explicite de l'interdiction donnée par les textes. Enfin pour l'auteur, l'interdiction de l'intérêt ne serait applicable que pour les transactions entre juifs. Poussant encore plus avant, il poursuit : "Certains vont plus loin dans l'interprétation du deutéronome 23,20 : tu peux prendre un intérêt d'un étranger, ils traduisent le mot hébreu non par "tu peux" mais "tu dois" et considèrent donc cette pratique comme un acte charitable. Ainsi est réglée en une demi-page et avec des "connotations" intéressantes, la pensée talmudique et biblique de l'intérêt.

Nous trouvons dans d'autres textes cette interprétation problématique des textes hébreux, qui semblent interdire l'intérêt dans le culte juif et le permettre envers des non juifs. Ainsi à l'Institut international de la pensée Islamique, dans le système bancaire Islamique nous lisons cette affirmation : "Du côté des traditions monothéistes, la tradition juive condamne également très clairement cette pratique et ce ne fut qu'au retour de la captivité de Babylone que fut autorisé le prêt à intérêt pour les non juifs exclusivement". Affirmation d'autant plus difficile à accepter puisque soutenue par aucun texte biblique ou talmudique. De notre point de vue, nous avons essayé tout au long de ce travail de n'apporter d'affirmations que lorsque celles-ci étaient étayées par des sources bibliques ou de citations d'économistes classiques. A fortiori, lorsque nous abordons des sujets qui nous sont étrangers, comme nous l'avons fait pour le christianisme ou le protestantisme, nous nous sommes appuyés sur des auteurs non juifs et des textes du Nouveau testament. Nous croyons qu'il n'existe pas d'autres démarches dans l'affirmation ou la démonstration d'une pensée. La pensée talmudique, étant suffisamment profonde pour nous permettre de multiples et diverses interprétations qui peuvent même être parfois infidèles et trahir les propres convictions du judaïsme, nous devons nous efforcer avant chaque conclusion d'apporter à nos propos le plus d'arguments possibles. Ainsi conclure que l'intérêt est interdit pour les juifs mais permis envers les non juifs, c'est n'avoir pas saisi la place de la nation dans le judaïsme. L'élévation et la théorie de vie proposées par le Talmud ne peuvent se situer que dans un contexte national, d’où l'exclusion à priori des non juifs. Mais cette pensée talmudique se veut être un exemple de vie, qui peut aussi épouser des formes différentes et laisser place à des dépassements, à des élargissements pour d'autres nations et d'autres peuples. Cette pensée talmudique ne doit en aucune façon épouser la même forme au niveau national ou universel. L'exclusion, s'il en est, (nous montrerons par la suite que même cette affirmation est à prendre avec précaution), du non juif est la preuve la plus évidente de la tolérance de l'esprit talmudique vis-à-vis d'autres pensées et modes de vie, et ne se voudra universelle qu'au sens qu'elle est apte à devenir une base pour une pensée universelle.

Heureusement, nous trouvons aussi d'autres analyses plus sérieuses qui recherchent vraiment à comprendre la notion de l'intérêt dans le Talmud chez des auteurs qui font l'effort de saisir des textes parfois difficiles et contradictoires. Ainsi, Laurent Lheriau analyse l'intérêt dans le Talmud pour la revue TFD 91 de mars 2008 dans son article "La relation à l'argent dans le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam dans le cadre de la lutte contre la pauvreté". Dés le début de son article, Monsieur Lheriau nous met en garde contre une lecture simpliste de l'ancien testament : "Il convient de le lire (l'Ancien testament) dans son contexte marqué par de fortes inégalités sociales et par les vicissitudes d'un peuple juif allant d'exode et d'exil en terre promise". Bien qu'ignorant le Talmud de Jérusalem ou de Babylone, l'auteur s'efforce d'énumérer presque tous les versets de l'ancien testament qui traitent de l'intérêt. Nous verrons que ses commentaires s'approchent de l'esprit du texte. Tout d'abord, l'auteur nous cite le verset du lévitique chapitre 25 versets 35 a 37, pour lever toute ambiguïté sur la différence que certains mettent en exergue concernant l'interdiction de l'intérêt entre juifs mais permis envers les non juifs : "Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse prés de toi, tu le soutiendras : tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays, enfin qu'il vive avec toi. Tu ne tireras de lui ni intérêt, ni usure, tu craindras ton Dieu, et ton frère vivra avec toi. Tu ne lui prêteras point ton argent à intérêt, et tu ne lui prêteras point tes vivres à usure".


De ces versets, l'auteur de l'article retire les éléments suivants : premièrement, le Lévitique vise une situation où l'emprunteur se trouve en situation de mendicité. Deuxièmement, le texte semble distinguer l'intérêt de l'usure. Ce qui semble montrer une gradation dans le concept : l'intérêt semblant être la rémunération de l'argent et l'usure un intérêt excessif. (Nous verrons plus loin la signification de ces deux mots pour exprimer l'intérêt. Seul le texte hébreu pourra nous éclaircir). Enfin pour l'auteur, il n'y a pas d'interdiction générale du prêt à intérêt, mais un appel impérieux à la justice vis-à-vis de personnes juives ou non qui sont économiquement faibles. Laurent Lheriau nous cite aussi le verset du Deutéronome souligné plus haut par la pensée islamique et qui semble autorisé le prêt pour les non juifs. Néanmoins, l'auteur essaie de comprendre la logique des textes et la contradiction que nous observons. Pour lui le texte du Deutéronome ne peut être appliqué à la lettre. En effet, une interdiction générale du prêt à intérêt, empêcherait tout système de location, de prêt, de rémunération de l'argent, ce qui pour lui ne peut être la volonté du texte. Il explique alors la contradiction des textes par le contexte de la sortie d'Egypte qui est une économie de survie. Enfin nous dit-il, "une interprétation possible serait de ramener l'interdiction du prêt aux règles régissant la vie civile des individus à l'exclusion des pratiques liées à la vie économique". Bien qu'il en soit louable nous ne pouvons être en accord avec toutes les conclusions, puisque l'auteur semble ignorer les Traités de Jérusalem et de Babylone. Néanmoins, celui ci touche un point essentiel que nous avons traité plus haut lorsqu'il explique la distinction entre juifs et non juifs, comme expression de la religion d'un peuple : "cette distinction que l'on trouve dans le Lévitique et le Deutéronome est le reflet de l'expression d'un système religieux national. La prétention à l'universalité n'intervient qu'avec le Christianisme et l'Islam".

Enfin pour en finir avec cette différence qui serait vue par certains comme l'expression d'un dédain du non juif, citons un grand maitre du judaïsme, Rabi Haim Benattar et son livre Or Ahaim (Lumière de la vie) à propos du verset 20 du chapitre 21 de l'Exode :

וגר לא תונה ולא תלחצנו כי גרים הייתם בארץ מצריים

"Et l'étranger tu n'opprimeras pas, car tu as été étranger en Egypte".

Pour Rabi Haim Benattar, il est interdit de contrarier un étranger sur ta terre, et de l'escroquer dans ses biens et son argent. Car pour l'auteur "Nous, lorsque nous somme sur notre terre, nous aussi nous venons d'étrangers qui sont venus d'Egypte".



© Richard Sitbon

Commémoration de la Shoah: le souvenir de l'héroïsme. Article rédigé pour le Journal Hamodia, 10 février 2010

Avec la commémoration de la Shoah à travers le monde, nous nous remémorons aussi ce 27 janvier, qui marque la date anniversaire de la libération en 1945 du camp d’Auschwitz par les troupes soviétiques. Cette blessure ouverte de l’histoire de l’Europe et de sa mémoire, que chaque génération a désormais à assumer et à penser, est avant tout la blessure faite à notre peuple. Pourtant nous pouvons être étonnés de cette différence dans les dates, entre cette commémoration internationale et le souvenir que le peuple d'Israël a choisi pour se joindre un instant à nos pères assassinés.



Auschwitz n’a pas seulement été un camp d’extermination. Il a été et reste le symbole de la souffrance de ses victimes de la Shoah, qui ont également vécu dans leur chair cette agression extrêmement paroxystique marquée par la déportation, la détention, la torture et l’extermination. Si Auschwitz évoque une certaine nature de la Shoah qui nous fait "percevoir" un peu, ce qu’ont pu ressentir les victimes, ce que les rescapés des camps de la mort ont vécu, ce camp évoque hélas ce que les Nations aiment dans le juif : cette image d’hommes, de femmes et d’enfants morts, gazés, de faim, d’épuisement ou de froid. Ce juif qui donne cette image fausse, de l'homme qui va à la mort sans combattre.



Notre premier ministre, venu se recueillir en souvenir des victimes, nous déclarait lors de son discours : "Nous rencontrons à la fois le mal le plus absolu et le plus grand courage de toute l’histoire de l’humanité". Benjamin Netanyahu, comme tous les Israéliens, ne se laisse pas tromper : la Shoah est avant tout l'héroïsme d'un peuple devant son bourreau. L'état d'Israël ne se laisse pas tromper non plus : "Nous avons choisi de commémorer nos morts à une autre date : celle de la révolte du ghetto de Varsovie. Car nous avons donné un nom singulier à notre journée du souvenir : Le jour du souvenir de la Shoah et de l'héroïsme. Parce que les juifs de la Shoah sont d'abord tous, sans exceptions "ces faibles qui se battaient contre les puissants, de petits groupes contre une immense armée, des innocents contre des barbares (du chant de Varsovie)". Leur message, de portée universelle, est celui du combat qu'ils menèrent pour leurs honneurs, pour leurs dignités humaines, pour nous tous et que nous garderons dans notre souvenir de génération en génération.



La mémoire de la Shoah est la mémoire du mal absolu, elle doit continuer à interpeller, tout à la fois, la mémoire collective et la conscience de chacun, mais cette mémoire est aussi le souvenir de nos héros qui ont lutté, parfois à mains nues. Nos frères, ces hommes et ces femmes dans les camps de la mort et des ghettos qui ont résisté grâce à la foi et au courage comme Wily Perl, Friedl Dicker Brandeis, Leon Kahn, Robert Clary, Recha Sternbuch et Anna Heilman, dont les actes héroïques ne seront jamais oubliés.



Auschwitz, Maidanek, Belzec, Buchenwald, Treblinka ou Sobibor, Varsovie, Le jour du souvenir n’est pas seulement pour les Israéliens ce devoir de mémoire des juifs assassinés, il marque aussi la mémoire des actes d'héroïsme des combattants juifs de la Deuxième Guerre mondiale, des résistants et partisans juifs qui ont apporté leur contribution à la victoire sur l'Allemagne nazie, l'Italie et le Japon, ainsi qu’à la création de Tsahal, l'armée israélienne. C’est ce souvenir aussi que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad ne devrait pas oublier…



© Richard Sitbon


dimanche 2 octobre 2011