mardi 11 juin 2019

Yom ashoa…le jour de la Shoa


Yom ashoa…le jour de la Shoa

 

Les gouvernements israéliens annoncent chaque année pendant les cérémonies de mémoires de la Shoa des hausses des indemnisations pour les survivants de la Shoah

Des gestes ont été fait en faveur du premier cercle des rescapés : ceux qui avaient survécu aux camps de la mort. Puis, c'est au deuxième cercle, ceux qui avaient fui pour échapper aux nazis, que se sont adressées les nouvelles mesures. Nathanyou le premier ministre israélien nous déclarait même ceci : "L'Etat d'Israël n'a jamais donné à ceux qui ont survécu à la Shoah l'attention et les ressources qu'il a mis dans la culture de la mémoire de ceux qui sont morts dans la Shoah".


Nous ne pouvons que nous féliciter de ce changement d'attitude des gouvernements d'
Israël. Il reste, néanmoins, que les mesures nous semblent toujours invariablement basses, aux regards de la situation des rescapés et de leurs contributions à la création de l'Etat d'Israël, bien insuffisantes. Car sur les 200,000 survivants, y compris ceux qui ont fuient l'Allemagne nazie, c'est aujourd'hui plus d'un quart qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et si toutes les pauvretés sont inacceptables, la pensée, que ceux qui ont arboré l'étoile jaune ou porté le pyjama rayé, doivent, sur notre sol retrouvé, choisir entre leurs médicaments ou du pain est intolérable. Et si finalement une aide pour ceux qui ne recevaient aucune pension de l'Allemagne ou d'Israël a été fixée, il ne faut pas oublier non plus, que nous parlons de personnes ayant, le plus souvent, passé la barre des 80 ans. Mais les aides accordées ou les déclarations de bonnes intentions nous paraissent bien peu de chose, face aux vrais problèmes qui sont laissés en suspend pour des raisons politiques ou, plus graves, pour des raisons purement mercantiles.
Ainsi si l'allocation des indemnités aux survivants continue au rythme d'aujourd'hui, alors la plus grande partie des sommes allouées resteront dans les banques américaines après le décès du dernier rescapé. Interrogeons-nous avec lui... alors que 80% de ceux qui sont sortis des ghettos vivent en
Israël, pourquoi les critères et les décisions pour allouer les sommes dues aux rescapés restent le fait de quelques individus vivant sur le sol des États-Unis ? Mais sans traverser l'Atlantique, regardons chez nous et demandons ensemble au gouvernement d'Israël, que soit réglé le problème, les comptes ouverts par nos frères assassinés en Allemagne nazie et qui soixante-dix ans plus tard, restent irrésolus. Nous parlons pourtant de plus de 2,500 comptes qui ont été ouverts et si une partie de l'argent a été reversée, exigeons avec Madame Ruth Avraham, secrétaire générale de la société pour La restitution des biens aux rescapés et avec la Commission parlementaire de 2004 déjà !!!, sous le patronage de Madame la député Colette Avital, que soient restitués non pas 37 millions de shekel mais les 307 millions dus.
Interrogeons-nous aussi, avec les banques israéliennes, sur la raison pour laquelle les sommes qui arrivent d'Allemagne au début ou au milieu du mois sont reversées aux rescapés seulement à la fin du mois et sans les intérêts. Pourtant, un rapide calcul sur les dix dernières années nous montre que ce sont des dizaines de millions de shekel d'intérêt qui ne sont pas reversés aux ayant-droits. Enfin questionnons-nous, pourquoi faut-il chez nous que 17% des demandes d'aides de rescapés de la
Shoah restent sans réponses après 7 ans et que 58% d'entre elles ne sont traitées qu'après plusieurs années ?


Face à tous les défis d'
Israël, ce ne sont pas les négociations avec les palestiniens, la menace syrienne ou la bombe iranienne qui doivent nous effrayer. Dieu, soyons en certain, reste notre meilleur bouclier ! Notre véritable ennemi est en nous, dans notre perte d'humanité face aux plus démunis. N'oublions pas pourtant, que c'est grâce à ses hommes et ses femmes courbés par le temps, que nous sommes debout aujourd'hui sur notre terre, rescapés des camps, qui sortis de l'horreur de l'enfer, ne représentaient plus en 1948 que la moitié des forces qui combattirent pour l'Indépendance de notre pays. Alors pourquoi ce silence sur la situation des rescapés pendant le reste de l'année?

Quelle grande question, que la question du silence. Car le silence est aussi un message. Il peut être aussi une invitation à la réflexion. Il peut exprimer aussi un contrôle sur soi, lorsque par exemple il s'agit de dénigrer l'autre. Mais alors au lieu de construire, il devient objet de malaise, de séparation, de division, le silence alors crée la discorde. Car des silences deux sont à retenir: le silence de la tourmente, du souci de l'autre, mais alors il n'est silence qu'extérieur car la pensée continue son processus, ou le silence qui par sa capacité à raturer, effacer, nier tout ce qui pourrait venir troubler sa propre construction, veux déconstruire le ressentir de l'autre et annihiler une autre pensée. Ce silence-là est vide.

J'espère que notre silence toute au long de l'année, envers nos ainés rescapés est le silence de la réflexion et du souci de l'autre.

 

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